Sur fond de critiques de la police américaine, Ice Cube chante "Fuck tha Police" à Québec

A un moment de grande tension aux Etats-Unis entre la police et la communauté noire, le rappeur Ice Cube n’a pas hésité à reprendre une des chansons de protestation contre les brutalités policières les plus connues, lors du festival d’été de Québec. Sous une pluie battante, samedi soir, Ice Cube, s’est lancé dans une interprétation vigoureuse de “Fuck tha Police”. Et au grand plaisir de la foule majoritairement blanche, la légende du rap a demandé au public de faire des doigts d’honneur alors que des images de policiers en armes défilaient sur un écran.

La chanson de son ancien groupe N.W.A, pionnier du gangsta rap, date de 1988. Elle avait surpris par sa condamnation implacable des violences policières contre les Noirs, avant de devenir un classique du hip-hop. Mais la décision d’Ice Cube de l’interpréter à Québec était une sorte de défi, après la mort à Dallas jeudi de cinq policiers tués par un tireur embusqué qui voulait venger les abus policiers à l’encontre des noirs.

Sur les réseaux sociaux, Ice Cube met l’accent sur les brutalités policières, donnant des exemples de violences contre des Noirs et appelant le président Barack Obama à mieux contrôler la police. Après “Fuck tha Police” interprétée au début de son concert, le rappeur n’a pas ménagé ses efforts pour divertir son public malgré la pluie. “Je me fiche de la pluie: je peux faire ça toute la nuit”, a-t-il lancé en invitant les “ladies” de Québec à danser sur un extrait de “Jungle Boogie” de Kool and the Gang.

Les meurtres de Dallas ont été condamnés par le mouvement “Black Lives Matter” (la vie des Noirs compte) et par plusieurs artistes qui le soutiennent.
La superstar de la pop Beyoncé – qui avait appelé ses fans à écrire à leurs représentants pour “mettre fin à la guerre contre les gens de couleur et toutes les minorités” – a déploré la mort des policiers de Dallas, soulignant que “la paix ne peut venir de la violence”. “Pour pouvoir changer les choses, il faut faire preuve d’amour face à la haine et promouvoir la paix face à la violence”, a-t-elle écrit à ses 77 millions d’abonnés sur Instagram.

Snoop Dogg, qui vient de la scène gangsta rap de Californie du sud comme N.W.A., a conduit une marche pacifique devant le quartier général de la police de Los Angeles et appelé au dialogue. Professor Griff de Public Enemy, lui aussi un grand du hip-hop, a déclaré avec force qu’il était opposé à l’assassinat de policiers, après l’apparition d’une photo, un selfie apparemment, le montrant en compagnie du tireur de Dallas, Micah Johnson.

Le festival d’été de Québec se déroule sur 11 jours dans la capitale de la province canadienne francophone. La semaine prochaine doit être marquée par des prestations de la pop star Selena Gomez, des Red Hot Chili Peppers ou du groupe pop-rock britannique Duran Duran. La soirée de samedi avait commencé avec le rappeur canadien d’origine palestinienne Belly, qui avait renoncé en mai à une apparition dans l’émission télévisée “Jimmy Kimmel Live”, car le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump devait y participer. Belly – qui pourrait avoir à souffrir personnellement de l’élection de Trump si celui-ci mettait à exécution sa menace de fermer les frontières du pays aux musulmans – a invité les spectateurs à montrer leur majeur au milliardaire et à lui crier des insultes. Parmi les artistes moins connus, le groupe punk de Toronto The OBGMs a aussi dénoncé Donald Trump en chanson.