"Stairway to Heaven" n'est pas un plagiat, Led Zeppelin garde son aura légendaire

Led Zeppelin va rester dans la légende du rock. Un jury de Los Angeles a estimé jeudi que “Stairway to Heaven”, probablement leur plus célèbre chanson, ne copiait pas un morceau du groupe californien Spirit. La ballade mythique de Led Zeppelin avait fait l’objet d’une plainte déposée il y a deux ans par Michael Skidmore, le gérant de la succession du guitariste de Spirit, Randy California. Il réclamait des millions de dollars de dommages et intérêts.

Le procès s’était ouvert le 14 juin et le jury composé de 4 hommes et 4 femmes avait commencé à délibérer mercredi. Ce panel a estimé que le chanteur Robert Plant et le guitariste Jimmy Page ont bien eu accès à la chanson instrumentale “Taurus” de Spirit, un groupe psychédélique des années 60 qui n’a jamais dépassé le succès d’estime.

Selon eux, Michael Skidmore et ses avocats n’ont toutefois pas été en mesure de prouver que des éléments propres à ce morceau étaient “intrinsèquement similaires” à l’introduction de plus de deux minutes de “Stairway to Heaven”. MM. Plant et Page, qui ont assisté chaque jour au procès, les cheveux tirés en queues de cheval, n’ont pas exprimé de réaction en entendant le verdict les exonérant. L’avocat de Michael Skidmore, Francis Malofiy, a dit aux journalistes que son client et son équipe étaient “déçus et contrariés” par le verdict négatif.

Mardi, Robert Plant s’était à nouveau défendu d’avoir copié “Taurus” et avait raconté à la barre sa version de la genèse de “Stairway to Heaven”, enregistrée entre fin 1970 et début 1971, trois ans après la sortie du titre de Spirit. Un soir de répétition dans la campagne anglaise, “je me suis assis avec Jimmy près du feu et j’avais le premier couplet qui allait avec ce qu’il jouait”, avait raconté le vocaliste à la voix puissante et suraigüe, âgé de 67 ans.

Le guitariste de Spirit, Randy California, qui a composé “Taurus”, n’a jamais engagé de poursuites avant sa mort par noyade en 1997. Il a toutefois longtemps maintenu auprès de ses proches et dans certains articles de presse qu’il méritait un crédit d’écriture pour “Stairway”, qualifiant la chanson de “vol”. “Nous demandons un crédit d’un tiers, un crédit partagé”, avait déclaré M. Malofiy aux jurés la semaine dernière, demandant entre 3,4 et 13,5 millions de dollars, une somme colossale en matière de procès pour droits d’auteurs musicaux.

Jimmy Page a déclaré la semaine dernière ne pas se souvenir d’avoir assisté à un concert de Spirit, ni rencontré ses musiciens. Le guitariste de 72 ans avait par ailleurs assuré n’avoir découvert que récemment qu’il possédait l’album de Spirit contenant “Taurus”, après avoir cherché dans sa collection de plus de 10.000 vinyles et CD. Or Led Zeppelin – qui inclut aussi le bassiste et pianiste John Paul Jones et le batteur John Bonham, décédé depuis – avait fait la première partie de Spirit pour son concert inaugural en Amérique, le 26 décembre 1968 et partagé plusieurs fois l’affiche avec le groupe.

La plainte affirmait aussi que Led Zeppelin avait déjà volé les compositions d’autres musiciens, citant 16 chansons ayant fait l’objet de litiges dont “Whole Lotta Love” et “Babe I’m Gonna Leave You”. La défense a pour sa part fait intervenir un professeur de musicologie, Lawrence Ferrara, qui a soutenu que les similarités entre les deux morceaux relevaient d’une progression musicale utilisée depuis des siècles, par Mozart notamment.

Le verdict du procès “Stairway” pourrait freiner les plaintes potentielles qui auraient pu survenir après un autre procès retentissant. L’an dernier, la famille de la légende “soul” Marvin Gaye s’était vue octroyer 7,4 millions de dollars (réduits ensuite à 2 millions) par un jury qui estimait que “Blurred Lines”, tube de Robin Thicke et Pharrell Williams, avait pillé la célèbre chanson “Got to Give It Up”.

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01 septembre 2016 - 09h35