Soudan du Sud: un général néerlandais va enquêter sur les exactions à Juba

L’ONU a annoncé mardi avoir confié à un général néerlandais à la retraite une “enquête indépendante” sur les exactions commises contre des civils par des soldats sud-soudanais à Juba en juillet et sur l’incapacité des Casques bleus à les empêcher. L’enquête dirigée par le général Patrick Cammaert devra porter sur “les violences sexuelles commises dans et à proximité” des bases de l’ONU à Juba où s’étaient réfugiés des civils.
Elle devra déterminer si la mission de l’ONU au Soudan du Sud (MINUSS) “a réagi de manière appropriée pour prévenir ces incidents et protéger les civils dans la mesure de ses moyens”.
Le général Cammaert doit soumettre son rapport dans un délai d’un mois au secrétaire général Ban Ki-moon et ses conclusions seront rendues publiques.
Les quelque 13.500 soldats de la Minuss ont été très critiqués après la récente flambée de violence à Juba entre forces gouvernementales et rebelles pour n’avoir pas protégé les civils, y compris des femmes et filles violées près d’une base onusienne.
L’ONU a recensé au moins 200 cas de viols de Sud-Soudanaises dans la capitale pour le seul mois de juillet, perpétrés par des hommes en uniforme, notamment issus des troupes du président Salva Kiir.
Selon l’organisation Human Rights Watch, des dizaines de militaires ont investi le 11 juillet un hôtel abritant des employés d’organisations internationales, situé à moins d’un kilomètre d’une base de l’ONU. Plusieurs employées étrangères ont été violées et un journaliste sud-soudanais a été abattu devant témoins.
Le général Cammaert, ancien commandant de la force de l’ONU en Ethiopie et en Erythrée, avait déjà dirigé une commission d’enquête interne sur le comportement des Casques bleus lors de l’attaque meurtrière d’un camp des Nations unies à Malakal (nord-est du Soudan du Sud) en février.
L’enquête avait conclu que certains Casques bleus avaient abandonné leur poste ou refusé de défendre les civils par la force. Le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de 4.000 soldats onusiens supplémentaires pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU.
Près de 200.000 civils déplacés par la guerre civile qui ravage le Soudan du Sud depuis deux ans et demi ont trouvé refuge dans six camps onusiens dans tout le pays.