Serbie: Vucic le pro-Européen obtient le plébiscite qu'il cherchait

Le Premier ministre Aleksandar Vucic a obtenu dimanche le plébiscite recherché dans des législatives convoquées pour poursuivre librement le rapprochement de la Serbie avec l’Union européenne, rejeté par une extrême droite de retour au Parlement. Lui accordant environ la moitié des suffrages (entre 49% et 52,6% selon les instituts), les estimations en fin de soirée étaient sans équivoque sur le triomphe du SNS (parti du Progrès, centre-droit), qui devrait obtenir plus de la moitié des 250 sièges.
Le tribun d’extrême droite, Vojislav Seselj (Radicaux, SRS), retrouvera son siège au Parlement, son parti, les Radicaux, étant assuré de passer la barre fatidique des 5%. Mais avec entre 7,4% et 8,1% annoncés, il reste loin derrière Aleksandar Vucic.
Ces résultats “représentent un puissant soutien à notre démocratie, nos réformes et aux intégrations européennes”, “les gens ont dit qu’ils ne veulent pas revenir vers le passé”, a commenté Aleksandar Vucic, dans son allocution de victoire.
Homme fort de la Serbie depuis quatre ans, il a entamé en décembre les négociations en vue d’une adhésion à l’UE quand Vojislav Seselj prône une alliance, voire une “intégration” avec la Russie. Ce thème touche la corde sensible de beaucoup des 6,7 millions d’électeurs, mais ne les a pas détournés de Vucic.
Dès dimanche matin, Seselj reconnaissait une victoire “peu probable”. Récemment acquitté par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), il voulait surtout prendre date et s’imposer comme l’opposant numéro 1 à Aleksandar Vucic.
Annoncés deuxièmes (entre 11,1% et 12,9%), les socialistes (SPS, centre-gauche) étaient en effet alliés à Aleksandar Vucic dans le gouvernement et pourraient retrouver leur rôle de partenaire dans une coalition.
S’il compte “préserver les liens traditionnels avec tous (les) amis à l’Est”, Aleksandar Vucic ne fera “aucun compromis” avec l’extrême droite sur l’Europe, a-t-il répété dimanche.
Vojislav Seselj fut son mentor en politique, jusqu’à la mue subite en 2008 d’Aleksandar Vucic, quand cet ex-ministre de Slobodan Milosevic a tourné le dos à ses années d’ultra-nationalisme.
En présence d’observateurs internationaux, le scrutin s’est déroulé sans incidents majeurs, y compris au Kosovo, où la minorité serbe votait et s’inquiète parfois des intentions d’Aleksandar Vucic.
Ancienne province de Serbie, considérée par de nombreux Serbes comme le coeur historique de leur nation, le Kosovo, majoritairement peuplé d’Albanais musulmans, a déclaré son indépendance en 2008. Belgrade exclut de la reconnaître et a inscrit dans la Constitution que le Kosovo était partie intégrante de la Serbie.