"Réparer les vivants", adaptation délicate d'un best-seller sur le don d'organes

Dans “Réparer les vivants”, film émouvant avec Emmanuelle Seigner et Tahar Rahim présenté dimanche à la Mostra de Venise, la cinéaste française Katell Quillévéré adapte avec délicatesse un roman à succès sur le don d’organes. “Réparer les vivants” raconte le périple du coeur du jeune Simon, fauché par un accident de voiture, jusqu’à la transplantation cardiaque. Déjà adapté deux fois au théâtre, ce livre poignant de Maylis de Kerangal avait été l’un des succès littéraires de l’année 2014 en France, avec plus de 200.000 exemplaires vendus. Il avait remporté plusieurs prix, dont le Grand Prix RTL-Lire.

Le film, présenté à Venise dans la section parallèle Orizzonti, s’ouvre lui sur le visage d’un jeune homme blond, Simon (Gabin Verdet), qui se réveille, enfourche son vélo et part retrouver deux amis pour aller surfer sur une plage de Normandie. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, ils sont victimes d’un accident de la route. Transporté dans un hôpital du Havre dans un état désespéré, Simon est rapidement déclaré en état de mort cérébrale. Ses parents, interprétés par Emmanuelle Seigner et le rappeur Kool Shen, sont plongés dans la douleur et l’incompréhension – comment leur fils serait-il mort, puisque son coeur bat encore ? -.

– Greffe providentielle –
Face au médecin qui a pris en charge leur fils (Bouli Lanners) et à Thomas (Tahar Rahim), du centre de transplantation cardiaque, ils vont devoir rapidement prendre une lourde décision: accepter ou non d’ouvrir le corps de leur fils et de donner ses organes. La seconde partie du film montre Claire (Anne Dorval), la cinquantaine, une femme atteinte d’une grave maladie cardiaque qui attend une greffe providentielle.

Une course contre la montre va alors s’engager pour prélever le coeur de Simon et le greffer à Claire. Au-delà de ce compte à rebours, le film, accompagné par la musique lyrique d’Alexandre Desplat, émeut en abordant avec délicatesse et sensibilité des questions tragiques et intimes, comme le faisait le roman.

Katell Quillévéré, 36 ans, qui a écrit le scénario avec Gilles Taurand, vise juste en mettant le spectateur face à la douleur des parents de Simon, et en racontant cette chaîne qui se met en place entre la mort et la vie. “J’ai dévoré le roman en quelques heures, il m’a énormément remué, bouleversé et j’ai immédiatement eu l’intuition que j’avais quelque chose à voir avec cette histoire de manière très profonde”, a-t-elle expliqué dimanche à Venise.
La réalisatrice, dont c’est seulement le troisième long métrage, après “Un poison violent” et le remarqué “Suzanne”, sorti en 2013, met l’accent sur les sensations pour raconter avec pudeur cette histoire, qui se déroule sur 24 heures.

Katell Quillévéré a voulu aussi relever des “défis de cinéma” face à l'”exigence documentaire”, que représente le choix d’un tel sujet, mais aussi la “direction lyrique” qu’elle a voulu donner à sa réalisation. Interrogés sur la préparation au travail d’acteur, Emmanuelle Seigner a reconnu dimanche n’avoir “rencontré personne” au préalable, faisant confiance à la réalisatrice, à la différence de Tahar Rahim, qui a longuement rencontré un infirmier coordinateur “pour comprendre comment ça fonctionne en réalité”.

L’écrivaine Marylis de Kernagal, présente dimanche à Venise, s’est dite “extrêmement émue” lors de la projection du film dont elle a “accompagné le travail d’écriture”, du moins au début. “Réparer les vivants” sera également présenté au Festival du film de Toronto, avant une sortie en France le 2 novembre.