Quand les actrices affolent la Croisette

Caprices de star, émeutes et rivalités sur la Croisette… Depuis la première édition du festival en 1946, marquée par une Michèle Morgan auréolée de sa carrière hollywoodienne, les actrices sont les reines de Cannes. A la fin des années 50, deux Italiennes aux courbes généreuses se disputent les faveurs des cinéphiles: Gina Lollobrigida et Sophia Loren. La presse se régale de leur rivalité. Dans cette “guerre des bustes”, Cannes est un champ de bataille où les deux actrices se disputent les acclamations du public et les flashs des photographes. “La” Loren y gagne une manche en 1961, lorsqu’elle remporte le prix d’interprétation féminine pour son rôle de veuve dans “La Ciociara” de Vittorio de Sica. Autres stars transalpines, Claudia Cardinale, Monica Vitti et Silvana Mangano ont elles aussi affolé le public cannois.

Starlette encore inconnue, Brigitte Bardot vient pour la première fois au festival de Cannes en 1953… et y fait déjà sensation. En bikini sur la plage, elle se fait faire des tresses par Kirk Douglas. Quatorze ans plus tard, devenue un sex-symbol planétaire, elle y crée l’émeute. Le 12 mai 1967, l’actrice fait son grand retour sur la Croisette après plusieurs années d’absence. Son entrée au Palais des festivals pour la cérémonie de clôture, où elle doit rendre un hommage à Michel Simon, provoque une cohue monstre. Journalistes et photographes s’empoignent pour essayer d’apercevoir BB, à qui les gendarmes tentent tant bien que mal de dégager un chemin. “Surtout, ne me l’écrasez pas!”, s’écrie, affolé, son mari Gunter Sachs.

Au plus fort de sa notoriété en 1991, la star américaine vient présenter au festival son documentaire “In bed with Madonna”. Installée dans le palace de l’Eden Roc, elle paralyse la circulation sur les petites routes sinueuses de Cap d’Antibes pour son jogging quotidien de quinze kilomètres, entourée de ses quinze gardes du corps. Le soir de la projection, 10.000 badauds se massent devant le Palais des festivals pour essayer d’apercevoir la star, dont la limousine peine à avancer au milieu de la marée humaine. Autour de Madonna, qui ne porte qu’un soutien-gorge conique dessiné par Jean Paul Gaultier, c’est la confusion la plus totale. Une commentatrice de télévision est jetée à terre en direct, ainsi que plusieurs photographes.

En 1992, le festival débute dans une forte odeur de soufre avec la projection comme film d’ouverture de “Basic Instinct”, thriller sexuel de Paul Verhoeven. Le rôle féminin principal — une romancière bisexuelle soupçonnée de tuer ses amants avec un pic à glace — est tenu par l’Américaine Sharon Stone. Très à l’aise et très glamour, l’actrice, jusque-là cantonnée aux seconds rôles, provoque une mini-émeute de caméramans et de photographes à son arrivée au pied des marches. Cannes, dont elle deviendra une habituée, fait d’elle une star mondiale.

En 2005, l’actrice française monte les marches quand la bretelle de sa robe glisse et dévoile un de ses seins. Sophie Marceau la remonte prestement, mais l’image a été saisie par une poignée de photographes. Le sein nu de l’actrice, chanté rêveusement par Alain Souchon quelques années auparavant, sera une des photos les plus chèrement vendues sur le marché français des médias cette année-là.