Procédure de destitution contre Dilma Roussef – Le Sénat brésilien ouvre le procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff

Le Sénat brésilien a ouvert jeudi le procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff qui, sauf surprise, interrompra brutalement quatre gouvernements consécutifs de gauche dans la première économie d’Amérique latine. Mme Rousseff assurera elle-même sa défense devant les sénateurs le lundi 29, avant les longs débats et le vote. “Je déclare la séance ouverte”, a annoncé le président du Tribunal suprême fédéral (STF) Ricardo Lewandowski, rappelant aux sénateurs qu’ils se transformaient pour l’occasion en juges et devaient laisser de côté leurs “positions idéologiques et partisanes”.
Les 81 sénateurs brésiliens décideront d’ici le 31 août si l’ex-guérillera de 68 ans doit ou non quitter la présidence pour avoir maquillé les comptes publics et signé des décrets engageant des dépenses sans l’accord du Parlement.
La destitution de la première femme à la tête du Brésil mettrait fin à 13 ans de gouvernement du Parti des Travailleurs (PT), fondé par l’ex-ouvrier devenu président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), parrain politique de Mme Rousseff.
Il a incarné un Brésil en plein boom socio-économique, qui a sorti près de 40 millions d’habitants de la misère grâce à un cycle économique favorable et des programmes sociaux en faveur des plus démunis.
Cette époque semble révolue. Quatre années de piètre croissance ont suivi jusqu’à la récession en 2015, l’augmentation du chômage (11 millions de demandeurs d’emploi), l’inflation repartie à la hausse et un déficit budgétaire de plus de 45 milliards de dollars.
C’est le vice-président de Mme Rousseff, Michel Temer, qui assure l’intérim depuis qu’elle a été écartée du pouvoir le 12 mai par un vote de plus des deux tiers des sénateurs. Il la remplacera jusqu’à la fin de son mandat fin 2018 si elle est destituée.
Impopulaire (13% de soutien), si Mme Rousseff est destituée, elle ne pourra plus occuper de fonctions publiques pendant huit ans. Si elle est innocentée, cette économiste retrouvera son mandat.
Des 81 sénateurs jugeant Dilma Rousseff, plus de la moitié sont soupçonnés de corruption ou font l’objet d’une enquête.