Pour la droite française, "Plus Belle la Vie" serait une série de gauche

D’après des propos soulignés par Le Parisien, plusieurs électeurs des Républicains et de l’extrême droite estiment que la série est trop orientée politiquement. Selon eux, Plus Belle la Vie véhi­cule une mauvaise image des riches, prône un peu trop le vivre ensemble, a bien affi­ché son soutien au mariage pour tous et à l’ac­cueil des migrants, et a déjà montré un person­nage en train de fumer du canna­bis. Autant de choses qui démon­tre­raient que le feuille­ton est de gauche. « Plus belle la vie n’est ni de droite, ni de gauche, réplique pour­tant Hubert Besson, le produc­teur de la série. C’est un programme bien­veillant qui défend des valeurs huma­nistes et citoyennes. » Chris­tine Coutin, la direc­trice édito­riale, s’étonne de ces remarques : « On ne fait pas de poli­tique, assure-t-elle au Pari­sien. Les valeurs de respect et de tolé­rance sont-elles de gauche? »

Pour prou­ver son absence de prise de posi­tion poli­tique, la produc­tion du feuille­ton précise que tous les habi­tants du Mistral ne sont pas forcé­ment socia­listes. « Dans Plus belle la vie, il y a toutes les diver­si­tés possibles. On n’est pas mani­chéens, jure Chris­tine Coutin. On a des person­nages de droite, comme Mirta, ou même d’ex­trême droite, comme Læti­tia Belesta ou bien Jean-Paul Boher. » Mais cela ne démontre en réalité pas grand chose : Vincent Chau­mette, person­nage ouver­te­ment de droite, est par exemple souvent présenté comme un des méchants dans les intrigues. Défa­vo­rable à l’ar­ri­vée des réfu­giés, Charles Frémont est quant à lui traité de « crétin » par d’autres person­nages. Et c’est juste­ment cette diffé­rence de trai­te­ment qui gêne une partie des télé­spec­ta­teurs.

Le produc­teur Hubert Besson l’ad­met, ses scéna­ristes ont parfois du mal à mettre en scènes des prota­go­nistes moins huma­nistes : « [L’équipe] était assez mal à l’aise avec les valeurs FN de Læti­tia Belesta, avoue-t-il au Pari­sien. Quand on a vu qu’on était en train de la rendre sympa­thique, on a arrêté. » Pas très éton­nant, quand on sait qu’une grande partie des auteurs sont de gauche. L’uni­ver­si­taire Muriel Mille, qui a travaillé sur la série, explique au Pari­sien que cela peut poser problème lors de l’écri­ture des épisodes : « A chaque intrigue, ils essaient de mettre en scène un débat en faisant endos­ser à leurs person­nages des points de vue contra­dic­toires. Mais ils ont souvent plus de mal à déve­lop­per la posi­tion de droite. »

Malgré tout, Muriel Coutin, la direc­trice édito­riale de Plus belle la vie, reste sur sa posi­tion : la série n’es­saie pas d’in­fluen­cer ses télé­spec­ta­teurs vers un bord ou l’autre de l’échiquier poli­tique. En revanche, elle est convain­cue que le fait d’évoquer des grands thèmes peut aider certaines personnes à s’in­té­res­ser à la prochaine élec­tion prési­den­tielle. « Plus belle la vie inci­tera peut-être des jeunes à aller voter », explique-t-elle au Pari­sien.