Pologne : l'opposition poursuit ses protestations au Parlement durant Noël

Une dizaine de députés polonais d’opposition ont passé les fêtes de Noël samedi et dimanche au Parlement, utilisant cette forme de manifestation inédite en Pologne pour protester contre la politique des conservateurs au pouvoir, qu’ils accusent de détruire la démocratie. Samedi, les députés de la Plate-forme civique (PO, centre-droite) et de Nowoczesna (libéral) qui occupent l’hémicycle ont pris ensemble le traditionnel repas polonais de Noël, composé de plusieurs plats, dont des pierogis (sorte de raviolis) aux choux et champignons, ou du hareng, du poisson en gelée, ainsi que du gâteau au pavot.
Traditionnellement, les Polonais passent en famille le repas de Noël, le plus important moment des fêtes, au cours duquel sont servis 12 plats, chacun ayant une symbolique particulière.
Quelques plats ont d’ailleurs été offerts aux députés par leurs supporteurs réunis devant le Parlement. Depuis plusieurs jours, quelques dizaines de personnes campent jour et nuit devant le parlement malgré des températures hivernales. Des Varsoviens leur apportent vivres et couvertures, ainsi que du charbon et du bois pour leurs braseros. Pour Noël, une grande table et un sapin décoré ont été installés devant le Parlement.
Le mouvement de protestation a été déclenché il y a une semaine contre la tentative du pouvoir de restreindre drastiquement les libertés de la presse parlementaire.
Les députés d’opposition ont alors bloqué la tribune et ils s’y relaient toujours depuis.
Suite à cela, la majorité conservatrice a déplacé les débats dans une autre salle, privant partiellement l’opposition d’accès et en tenant plusieurs votes, dont celui sur le budget 2017.
L’opposition juge illégal ce vote, organisé dans des conditions inédites.
Des protestations de rue ont suivi, ainsi que le blocage nocturne du parlement par des manifestants.
Le parti Droit et Justice (PiS, au pouvoir) a laissé entrevoir un assouplissement sur la question de la liberté des médias, mais reste ferme sur ses autres décisions et considère toutes ses démarches comme conformes à la loi.
L’opposition compte rester au Parlement au moins jusqu’au 11 janvier, date qui marque le début d’une nouvelle session parlementaire.