Polémique au Pakistan après l'interdiction d'un film indien

La décision du gouvernement pakistanais d’interdire une superproduction de Bollywood, “Raees”, car le film présenterait les musulmans comme des “terroristes”, a déclenché mercredi un flot de critiques d’internautes pakistanais sur les réseaux sociaux. Cette décision gouvernementale visant un film attendu par le public pakistanais intervient alors que les cinémas du pays ont recommencé à diffuser des films indiens après trois mois de boycott.

Les films de Bollywood, le cinéma indien, sont très populaires au Pakistan, notamment ceux de l’acteur Shah Rukh Khan, vedette du film Raees dans lequel joue également une actrice pakistanaise de premier plan, Mahira Khan. Mais le cinéma est devenu un enjeu politique où s’exprime le regain de tensions entre les deux puissances nucléaires dans la région contestée du Cachemire.
Le film “présente les musulmans comme des terroristes et des gens violents”, a déploré à l’AFP le président du Bureau de la censure pakistanaise, Mubahsar Hassan.

Pour un autre responsable, cité sous couvert d’annonymat, “ce film envoie le message que tous les musulmans sont (…) des criminels, tandis que les Hindous sont des gens respectables qui les empêchent de mal agir”. Mais les fans ont déploré de telles inquiétudes. “L’interdiction de #Raees est un exemple du type d’absurdités perpétrées par les croisés de la morale et les bureaucrates serviles du Pakistan,” a tweeté le cinéaste et journaliste Hasan Zaidi.

L’écrivain Haji S. Pasha a regretté une interdition qui touche “#Mahira pour des premiers pas d’actrice” à Bollywood. Certains soutiennent l’interdiction, comme Yasmeen Ali, avocate et professeure d’université, déplorant que le film montre “les musulmans d’une branche spécifique en train de commettre des crimes et d’agir en terroristes”.

En octobre dernier, les cinémas pakistanais avaient décidé de ne plus diffuser de films indiens, en raison des tensions entre Islamabad et New Delhi, et n’ont recommencé à les montrer que le mois dernier. De son côté, l’organisme représentant les studios indiens, l’Indian Motion Pictures Producers Association, a interdit aux acteurs et techniciens pakistanais de travailler à Bollywood dans la foulée des tensions l’an passé. L’Inde et le Pakistan se sont livré trois guerres depuis leur indépendance du Royaume Uni il y a sept décennies, dont deux au sujet du Cachemire.

Partager l'article

08 février 2017 - 13h15