Plus de 130.000 Haïtiens menacés d'expulsion de République dominicaine

Plus de 130.000 Haïtiens qui avaient obtenu une carte de séjour d’un an en République dominicaine risquent l’expulsion vers leur pays d’origine par manque de moyens pour la renouveler, dénoncent les organisations d’aide aux migrants. En un an, de juin 2015 à mai 2016, 106.000 Haïtiens ont déjà été expulsés ou ont quitté la République dominicaine. Les relations entre deux pays qui se partagent l’île caribéenne d’Hispaniola ont toujours été difficiles, envenimées par l’immigration illégale d’Haïtiens en République dominicaine.
Face au tollé provoqué par une décision de la Haute cour de justice dominicaine qui, fin 2013, a retiré la nationalité dominicaine aux citoyens d’origine étrangère nés après 1929, le gouvernement dominicain a commencé à régulariser les Haïtiens nés sur son sol et les migrants illégaux.
Ce plan national de régularisation des étrangers (PNRE) a permis à plus de 130.000 Haïtiens d’obtenir une carte de séjour mais d’une validité de seulement un an.
“Les autorités dominicaines n’ont pas voulu résoudre ce problème une fois pour toute”, regrette Lissaint Antoine, du Service jésuite aux migrants (SJM). “La majorité de ces 130.000 personnes n’ont pas les moyens financiers ou les documents leur permettant de renouveler leur titre de séjour”, explique-t-il.
Les organisations d’aide aux migrants dénoncent aussi l’absurdité du plan de régularisation. “Pour entrer dans ce plan, on demandait aux gens de présenter une attestation d’emploi alors que la carte de séjour qui leur a été remise ne donne pas le droit de travailler”, s’insurge M. Antoine.
Au 18 juillet, ceux n’ayant pas pu achever leur enregistrement auprès des autorités migratoires seront passibles d’expulsion.
En outre, les droits des Haïtiens déjà expulsés ont été violés. “Aucune des personnes qu’a rencontrées Amnesty International ne s’était vue remettre d’avis d’expulsion, ni n’avait eu la possibilité de contester la légalité, la nécessité et la proportionnalité de la détention. On ne leur avait pas non plus proposé d’aide juridique”, indique l’organisation.