Pistorius sur ses moignons pour émouvoir ses juges, le procureur requiert 15 ans

Debout sur ses moignons nus devant sa juge. L’ancien champion paralympique Oscar Pistorius s’est montré infirme et vulnérable mercredi dans une ultime tentative pour émouvoir la Cour à qui le procureur a demandé de le condamner à au moins quinze ans de prison. L’inflexible procureur Gerrie Nel ne s’est pas laissé attendrir. Au terme d’un long réquisitoire, il a réclamé l’application rigoureuse de la loi. “Nous demandons qu’une peine de 15 ans au minimum soit prononcée”, a-t-il lancé.
Quinze ans de prison est la peine plancher prévue par la loi sud-africaine pour un meurtre, mais la juge Thokozile Masipa a la possibilité d’adoucir la peine si elle considère qu’il existe des circonstances exceptionnelles.
Au cours de l’audience, retransmise en direct à la télévision, Oscar Pistorius, vêtu d’un short de cycliste et d’un t-shirt, le visage défait, s’était levé, avait quitté ses prothèses, avant de faire un fébrile aller-retour, sur ses moignons, devant la salle pleine à craquer du tribunal de Pretoria.
“Il est trois heures du matin, il fait noir, il est sur ses moignons. Sans ses prothèses, son équilibre est précaire et il n’est pas capable de se défendre”, a lancé Barry Roux, son avocat, alors que Pistorius se rasseyait, de nouveau en larmes, loin de l’image de l’invincible champion qu’il renvoyait il y a quatre ans lorsqu’il courait aux jeux Olympiques de Londres.
L’avocat tentait une dernière fois de démontrer que Pistorius, terrorisé, avait tiré dans la panique en se croyant attaqué chez lui par un cambrioleur, dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.
La justice a admis que Pistorius croyait tirer sur un cambrioleur, et qu’il n’a pas cherché à tuer délibérément son amie Reeva Steenkamp. Mais, a martelé le procureur, “l’accusé savait qu’il y avait quelqu’un derrière la porte (…) Il savait que le cabinet de toilettes était étroit et que cette personne ne pourrait pas s’échapper”.
Fin 2014, Oscar Pistorius avait été condamné en première instance à cinq ans de prison ferme pour “homicide involontaire”.
Il avait passé près d’un an en prison avant d’être placé en résidence surveillée, comme l’autorise la loi sud-africaine. Mais le parquet avait fait appel et finalement obtenu sa condamnation pour meurtre. Cette audience était donc destinée à déterminer une nouvelle peine.
La juge pourrait rendre sa sentence dès vendredi.

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15 juin 2016 - 16h10