Pas d'appartement de luxe pour un milliardaire turco-iranien détenu à Manhattan

Un juge new-yorkais a rejeté jeudi la demande d’un multi-milliardaire turco-iranien en détention provisoire de troquer sa cellule pour un luxueux appartement à Manhattan, arguant notamment qu’il s’agirait d’un traitement de faveur. Reza Zarrab avait été arrêté à Miami en mars alors qu’il se rendait à Disney World avec son épouse, une superstar de la chanson en Turquie, et sa fille de cinq ans. Il a été inculpé aux Etats-Unis pour avoir tenté d’enfreindre les sanctions internationales visant l’Iran.
Détenteur de passeports iranien, macédonien et turc, il risque jusqu’à trente ans de prison s’il est condamné pour ce chef d’inculpation aux Etats-Unis.
Armateur, magnat de l’immobilier, courtier spécialisé dans l’or, les changes et dans le thé sri-lankais… A seulement 33 ans, Reza Zarrab gagnerait avec ses opérations à l’étranger quelque 11 milliards de dollars par an, selon les procureurs américains.
Face à la perspective de croupir dans une cellule ordinaire à New York jusqu’à son procès, Reza Zarrab avait embauché l’un des plus célèbres avocats de New York pour tenter de convaincre un juge fédéral de l’autoriser à attendre dans un luxueux appartement de Manhattan, en payant une caution de 50 millions de dollars.
Reza Zarrab souffre d’une tumeur à un rein, selon ses avocats qui assurent qu’il suit un régime spécial. Ils avaient affirmé au juge le 2 juin que le magnat avait déjà loué l’appartement, équipé de détecteurs et de caméras de surveillance pour respecter les termes d’une détention en résidence surveillée. L’homme aurait même signé une autorisation pour que des gardes armés soient autorisés à lui tirer dessus s’il tentait de s’échapper, selon son avocat Ben Brafman.
Mais le juge Richard Berman a finalement rejeté sa demande, estimant que sa grande fortune, son absence de liens personnels aux Etats-Unis et ses racines dans des pays ne disposant pas d’accords d’extradition avec les Etats-Unis présentaient “un risque de fuite”.
“Aucune condition, ni ensemble de conditions, y compris des gardes armés payés avec des fonds privés, ne permettraient d’assurer qu’il se présente au procès”.
Les indices contre Reza Zarrab “semblent solides”, les chefs d’inculpation sont “sérieux” et il pourrait être condamné “à une lourde peine d’emprisonnement” s’il était condamné, souligne le juge.
“Enfreindre les sanctions américaines contre l’Iran pourrait bien représenter une menace contre les Etats-Unis”, selon le juge. Relâcher Reza Zarrab “pourrait accentuer cette menace” en lui permettant de contacter ses associés.