Nobélisé pour sa poésie, Bob Dylan chante celle des autres dans "Triplicate"

Décidément, Bob Dylan, 75 ans, ne fait rien comme tout le monde. Le chanteur, qui doit recevoir ce week-end à Stockholm le Nobel de littérature pour son oeuvre poétique, préfère chanter les mots des autres dans un triple album, “Triplicate”, paru ce vendredi. Non content d’avoir attendu que sa tournée mondiale passe par la Suède pour recueillir, quatre mois après, son diplôme et sa médaille, le chanteur américain déroute encore avec ce nouvel opus de reprises.

Ceux qui espéraient découvrir les nouveaux textes du lauréat devront donc attendre. La star a préféré poursuivre son exploration des standards des années 40 et 50, entamée avec “Shadow in the Night” en 2015 et prolongée avec “Fallen angels” en 2016.

Comme dans ces deux disques, beaucoup de titres chantées par Frank Sinatra figurent dans “Triplicate”. Où quand la plus fine plume de l’histoire du folk-rock américain persiste à s’attaquer à LA voix. Peut-être la plus belle que la chanson américaine ait connue.

Dylan qui reprend Sinatra, c’est évidemment la rencontre de deux monstres sacrés. Mais c’est d’abord un plaisir tout personnel pour Robert Zimmerman, le vrai nom du chanteur, qui a récemment raconté avoir été adoubé par le crooner.

Dans une rare interview accordée à l’écrivain Bill Flanagan, parue sur son site, Dylan explique avoir été reçu une fois chez Sinatra: “nous étions dans le patio un soir et il m’a dit mon ami, toi et moi avons des yeux bleus, on vient tous les deux de là-haut en pointant les étoiles. Les autres viennent juste d’ici. Je me rappelle avoir pensé que c’était peut-être vrai”.

Dans “Triplicate”, Dylan effectue un “voyage sentimental” (un des titres de l’album s’intitule “Sentimental journey”) dans l’âge d’or du songwriting américain.

Son choix s’est porté sur des chansons qui abordent des questions existentielles, comme “Stardust” de Hoagy Carmichael ou “Why Was I Born?”, popularisée par Billie Holiday.

“Ces chansons sont parmi les plus déchirantes qui aient pu être gravées sur disque et je voulais leur rendre justice”, a-t-il expliqué à Bill Flanagan. “Maintenant que j’ai vécu ce qu’elles racontent, je ne les comprends que mieux.”