Myanmar: L'ONU tire la sonnette d'alarme après les violences dans l'Etat de Rakhine

Des affrontements meurtriers survenus dans l’ouest de Myanmar ces deniers jours suscitent l’inquiétude de l’ONU. Le Conseiller spécial sur le Myanmar appelle la population civile à ne pas se “laisser entraîner dans une réaction visant d’autres communautés ou groupes religieux” dans un pays sujet à des tensions confessionnelles entre bouddhistes et musulmans. Mardi, des affrontements entre l’armée birmane et des hommes armés dans l’Etat de Rakhine ont encore fait 12 morts dans l’ouest du pays. Quatre militaires et un assaillant ont péri quand des centaines de personnes armées ont attaqué des soldats dans le village de Pyaungpit dans la province de Maungdaw, selon le Global New Light of Myanmar.
Quelques jours plus tôt, neuf policiers avaient été tués dans cet Etat lors d’attaques violentes menées contre trois postes à la frontière avec le Bangladesh par des individus et groupes non identifiés. Huit insurgés ont aussi été tués.
Si le Conseiller spécial du Secrétaire général sur le Myanmar, Vijay Nambiar, estime que les autorités ont donné des instructions adéquates et légales visant à maintenir la paix après les premières attaques, il exhorte la population à ne pas succomber à la tentation d’escalade de violences.
“En ce moment délicat, les communautés locales à tous les niveaux doivent refuser d’être provoquées par ces incidents et leurs dirigeants doivent s’efforcer activement de prévenir l’incitation à la haine ou à la haine mutuelle entre les communautés bouddhiste et musulmane”, communique-t-il dans une déclaration de presse, publiée avant les nouvelles attaques perpétrées mardi.
Les violences de la semaine passée n’ont pas été revendiquées, mais les autorités de l’Etat de Rakhine estiment qu’elles ont été orchestrées par des “insurgés du RSO”, un groupe connu sous le nom d’Organisation de solidarité Rohingya, la minorité musulmane non reconnue au Myanmar, actif dans les années 80 et 90.
L’Etat de Rakhine à l’ouest de la république, bordant le golfe du Bengale et partageant une frontière avec le Bangladesh, avait été le théâtre d’affrontements inter-communautaires entre bouddhistes et musulmans qui ont fait plus de 200 victimes en 2012, notamment Rohingya. Plus de 100.000 d’entre eux vivent toujours dans des camps de déplacés dans cet Etat depuis ces violences. Ce regain de tensions fait craindre une nouvelle éruption de violences semblable à celle de 2012.
La Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, qui siège désormais au gouvernement depuis les premières élections démocratiques organisées l’an passé, a fait appel à l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan pour l’aider à résoudre ce conflit confessionnel.