Municipales en Bosnie sur fond de tensions intercommunautaires

Les Bosniens désignent dimanche leurs maires lors d’un scrutin précédé d’un regain de tensions entre communautés, notamment entre serbes et bosniaques musulmans. Le vote se déroulait sans incident notable, trois heures avant la clôture à 17H00 GMT du scrutin dont les premiers résultats sont attendus dans la nuit.
Dans la plupart des quelque 140 communes, les listes proposées aux quelque 3,2 millions d’électeurs se sont bâties sur des bases communautaires.
Velika Kladusa (40.000 habitants, nord-ouest) pourrait être dirigée par un criminel de guerre, Fikret Abdic, 77 ans, condamné par la justice croate. Durant le conflit (1992-95), ce Bosniaque musulman, potentat local, avait pactisé avec les Serbes contre les forces bosniaques loyales à Sarajevo, et proclamé une “région autonome de Bosnie occidentale”. Il a recouvré la liberté en 2012.
Le souvenir de la guerre sera également présent à Srebrenica, ville-symbole de l’est où candidats serbe et bosniaque sont aux prises. Une victoire du premier serait vécue comme un affront pour les musulmans, 21 ans après le massacre de quelque 8.000 d’entre eux.
Les divisions intercommunautaires sont encore à blâmer pour l’absence de vote à Mostar (sud), divisée entre Bosniaques et Croates et dont les principales formations, le SDA et le HDZ, ne sont pas parvenues depuis six ans à un compromis pour organiser le scrutin.
Les chefs politiques des Serbes de Bosnie comme des Bosniaques, Milorad Dodik et Bakir Izetbegovic, ont mené des campagnes agressives, usant de la rhétorique nationaliste.
Le scrutin municipal se tient une semaine après un référendum organisé par les Serbes de Bosnie qui ont décidé de continuer à fêter leur propre “fête nationale”, malgré le veto de la justice et l’émoi des Bosniaques.
L’accord de Dayton, qui a mis fin à la guerre (1992-95, 100.000 morts), a consacré la division de la Bosnie en deux entités, serbe et croato-musulmane, reliées par un faible gouvernement fédéral.