"Mr Gaga": dans les pas du chorégraphe de la Batsheva Dance Company

Le “Mr Gaga” du film de Tomer Heymann qui sort mercredi dans les salles n’a rien a voir avec Lady Gaga: il suit les pas du chorégraphe israélien Ohad Naharin, qui dirige la prestigieuse compagnie Batsheva depuis 1990. Outre son talent de chorégraphe, Ohad Naharin est aussi l’inventeur d’une méthode de danse baptisée “Gaga”, qui invite la personne à écouter son corps et ses émotions pour se mettre en mouvement.

Ses cours collectifs attirent des centaines de personnes rayonnantes de la joie de danser, jusqu’à l’actrice Natalie Portman, qui a été convaincue par la méthode Gaga.

Le réalisateur, visiblement fasciné par son sujet, ne prend guère de distance avec le charismatique Ohad Naharin, dont on suit aussi bien la vie professionnelle qu’amoureuse. Il faut dire que l’homme est beau, brun élancé aux grands yeux verts, et dégage une énergie peu commune.

Né en 1952 dans un kibboutz, le petit Ohad quitte la vie collective la mort dans l’âme avec ses parents à 5 ans et demi.

Ohad danse depuis tout petit dans la famille, avec les copains et à l’armée. Il fait la guerre du Kippour dans le service de divertissement de l’armée, et c’est déjà adulte qu’il suit les cours de la Batsheva Dance Company fondée par Martha Graham.

Celle-ci le distingue aussitôt et l’embarque à New York, où il suit des formations aussi prestigieuses que la Julliard School et l’American Ballet. Engagé par Maurice Béjart, il passe dans sa compagnie “la pire année de sa vie”, et revient à New York où il crée ses premières pièces dans les années 1980 à 1990.

Le film a eu accès à des archives saisissantes, de l’enfance d’Ohad au Kibboutz à l’armée, puis aux années new-yorkaises, où il rencontre sa première femme Mari Kajiwara, alors danseuse star de l’Alvin Ailey Dance Company.

C’est parfois stupéfiant: en 1998, le président israélien en personne demande à la Batsheva de changer les costumes des danseurs, jugés impudiques par les orthodoxes, pour le jubilé de la création d’Israël. La Batscheva refuse de danser, et des manifestations ont lieu dans tout le pays pour soutenir les danseurs.

L’intérêt du film réside évidemment dans les très nombreux extraits de ballets qui témoignent de la créativité exceptionnelle d’Ohad Naharin et de la Batsheva. A la fois très physique et charnelle, bourrée d’énergie et sensuelle, la danse de l’Israélien a réveillé la Batsheva dans les années 90, pour en faire une des compagnies les plus populaires au monde.