Mode à Milan : vive le mix & match !

Mercredi, premier jour des défilés milanais de prêt-à-porter féminin pour l’hiver prochain, les couturiers ont brassé les styles, proposant une garde-robe éclectique, où la femme pourra piocher à sa guise pour créer son propre look. Gucci pris son temps pour ouvrir les danses, faisant patienter plus d’une heure ses invités. Tout à coup, la salle tout en velours noir se retrouve plongée dans l’obscurité. Grésillements, éclairs, battements sourds: le public est comme immergé au coeur d’une machine hors de contrôle. Puis l’écran en face s’éclaire, laissant défiler des fragments d’images à une allure folle, comme une pellicule de film qui s’emballe.

Le show peut commencer dans une explosion de couleurs et un caléidoscope de détails, à coup de paillettes, broderies, noeuds et strass, avec des total-looks rose, rouge, jaune, turquoise ou encore vert menthe. Le directeur créatif Alessandro Michele tire les fils de différents thèmes d’inspiration, qui se croisent et s’entremêlent pour esquisser une femme à l’esprit libre et composer un vestiaire riche et varié.

Robes à volants et manches ballon seventies, blousons bomber extra-large, tenues aux épaules renforcées très années 1980, robes-fourreau en soie noire à col Mao et imprimé oriental, robes de gitane à volants arc-en-ciel ou, tendance froufrou, à plumes d’autruche… Sans oublier les ensembles pantalon tout simple pour femmes d’affaires. Les époques s’entrechoquent, les genres se mélangent allègrement.

Laissant tomber le filon androgyne, la femme Gucci affirme toute sa féminité avec ses bas résille, ses chapeaux à voilette et ses habits de princesse. Parmi les accessoires qui pourraient faire fureur l’hiver prochain, Gucci propose des chaussettes aux couleurs rouge et vert de la Maison, des escarpins bordés de crin de cheval et un sac style magasin sur lequel on peut lire, comme rajouté à la peinture, “Real Gucci”.

“Il n’y a plus de canons précis, c’est à la femme de décider ce qu’elle veut mettre et d’exprimer au mieux sa personnalité. Elle n’a plus besoin de se cacher derrière un uniforme”, explique la styliste Alberta Ferretti, qui propose une collection toute en douceur et sensualité, où “le jour se confond avec la nuit”.
Les filles sortent en pyjama de satin vert tendre ou en robe combinaison à fines bretelles, emmitouflées dans de confortables manteaux en drap de laine gris glace à large capuche sur lesquels se ramifie un arbuste fleuri brodé.

Avec son liseré coloré, le jumpsuit en soie fluide prend lui aussi des allures de pyjama, tout comme cet élégant ensemble pantalon en velours brillant doté d’une veste robe-de-chambre.

Sage ou sexy ? Les demoiselles de Kristina Ti manient à ravir, elles aussi, l’ambiguïté. Les combinaisons d’aviateurs sont en satin. Les mini-jupes se portent avec des collants d’étudiantes en laine noire, les robes de soirée avec socquettes et baskets, tandis que les couleurs pâles s’opposent aux tonalités sombres.
Dans cette volonté de contraste, tulle et soie côtoient tweed, fausses fourrures et pullovers tricotés main. Et les jupes en crêpe sont resserrées à la taille par une épaisse corde d’escalade !

A son tour, Simona Ravizza met en avant la mixité, mais du point de vue des générations avec “une jeune fille qui vole la fourrure dans l’armoire de sa mère et la remet au goût du jour”.

Cette spécialiste des peaux reprend les traditionnels manteaux des années 1970, de la veste en peau de mouton renversé aux visons et zibelines, et les retravaille dans un esprit contemporain, tout en leur laissant leur couleur et beauté naturelle. De longues fourrures blanches se parent de pois noirs ou de rayures, quand elles ne se transforment pas carrément en un motif pied de poule.

Ce jeudi, Max Mara, Costume National, Emilio Pucci, Fendi et Prada doivent prendre la suite.