Manille enjoint à l'ONU de ne pas s'ingérer dans ses affaires intérieures

Le ministre des affaires étrangères des Philippines a rejeté samedi à l’ONU les critiques contre la campagne anti-criminalité du président philippin Rodrigo Duterte, demandant aux Nations unies de ne pas s’ingérer. “Nous demandons instamment à chacun de nous laisser traiter nos problèmes intérieurs de facon à realiser nos objectifs nationaux sans interférence indue”, a lancé Perfecto Yasay à la tribune de l’Assemblée générale.
“Nous n’avons pas donné, et nous ne donnerons jamais l’autorisation à nos agents des forces de l’ordre de tirer pour tuer des individus suspectés de crimes liés à la drogue”, a affirmé le ministre. “Les exécutions extra-judiciaires n’ont pas de place dans notre société et dans notre système légal”, a-t-il martelé.
Il a aussi fait valoir que son président était crédité d’une cote de popularité de 92% dans son pays en raison de sa campagne anti-drogue.
Les Philippines ont été vivement critiqués pour les diatribes insultantes de leur président contre l’ONU, l’Union européenne et les Etats-Unis et pour la campagne agressive contre la criminalité qu’il a lancée.
Celle-ci aurait été marquée par des exécutions extrajudiciaires et des meurtres ayant fait 3.000 morts depuis l’investiture de Rodrigo Duterte le 30 juin.
Le président Duterte avait même menacé en août, dans des termes grossiers, d’un retrait des Philippines des Nations unies. Mais ses conseillers avaient ensuite relativisé ses propos.
Il a invité jeudi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et d’autres représentants de la communauté internationale à se rendre dans son pays pour enquêter sur sa campagne contre la criminalité, mais a exigé aussi qu’ils l’affrontent dans un débat public.