Lutte contre le terrorisme – Les tribunaux d'application des peines ignorent la radicalisation des détenus

Les tribunaux d’application des peines ignorent le plus souvent la radicalisation d’un prisonnier dont le dossier leur est soumis, par exemple en vue d’une libération, est-il ressorti mercredi des auditions devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats terroristes. Pour se prononcer sur une libération conditionnelle, le tribunal prendra en compte le risque de récidive du condamné, et c’est dans ce cadre que la radicalisation est considérée. “Ce qui est problématique, c’est quand l’information ne nous arrive pas, et c’est souvent le cas”, a expliqué Magali Clavie, présidente du tribunal à Bruxelles jusqu’au mois de septembre.
Le tribunal statue sur la base d’un dossier, qui doit être soumis à la contradiction. Si la radicalisation est mentionnée, ce sera dans le rapport psycho-social qui accompagne la demande de libération ou parce que le directeur de la prison en fait lui-même état. “Jusqu’à présent, je n’ai pas eu un rapport psycho-social où cela était mentionné”, a ajouté la magistrate. Et si une telle mention est faite, il est simplement question d’indices, sans plus.
Ce genre d’information est souvent protégée car elle procède d’un échange avec les services de renseignement ou provient d’une enquête en cours. Il arrive donc que le magistrat soit mis au courant informellement. “Que faire? Je ne peux pas non plus m’asseoir sur ce genre d’information”, a souligné Mme Clavie. “C’est de la haute-voltige”.
Le tribunal d’application des peines de Bruxelles s’est notamment prononcé sur le cas d’Ibrahim El Bakraoui, futur terroriste du 22 mars. “Jamais, au grand jamais, je n’ai trouvé un élément permettant de dire qu’il y avait radicalisation”, a souligné la magistrate.