Les scénaristes captivés par l'affaire Fillon en France

Des trahisons et rebondissements quotidiens dignes d’un drame shakespearien… Pour les auteurs de séries “politiques”, télévisées ou littéraires, de la danoise “Borgen” à la française “Les hommes de l’ombre”, la campagne présidentielle française est captivante. “On a enfin une formidable série politique française, et qui s’exporte puisque toute la presse étrangère en parle !”, s’exclame, fasciné, l’écrivain et scénariste Dan Franck, auteur des “Hommes de l’ombre”, série sur la communication en politique, et de “Marseille”.

“Je regarde tout ça comme une série, il y a des +cliffs+ (des rebondissements, NDLR) tous les jours, je me délecte !”, assure-t-il à l’AFP. “Et comme dans une série, le plus intéressant est de voir ce qui se passe au sein d’un même camp, avec des histoires de trahison, de famille…”.

Les internautes sont sur la même longueur d’ondes, pour preuve la floraison du hashtag #HouseOfSarthe sur les réseaux sociaux.

“On est presque dans une pièce de Shakespeare: tout y est, l’enjeu familial, la femme trempée dans le scandale, le monde du personnage qui s’écroule sous ses pieds”, remarque l’écrivain Marc Dugain, auteur de “L’Emprise”, une trilogie mêlant politique et espionnage, qui sera adaptée en série sur Arte.

“Ce qui se passe actuellement est extraordinaire, nous, les auteurs de fictions, sommes sans cesse battus par la réalité. On peut toujours inventer des histoires, la réalité est toujours plus tordue”, ajoute-t-il.

Pour le philosophe Philippe Nassif, spécialiste de la pop culture, “on a un rapport thérapeutique aux séries, comme si on se soignait de cette anxiété généralisée, de cette instabilité contemporaine”.

Jeppe Gram, co-scénariste de la série danoise “Borgen”, un incontournable des séries politiques, s’est lui-même largement inspiré de témoignages de responsables politiques pour camper sa très réaliste Première ministre Birgitte Nyborg, mais s’avoue cette fois battu : la situation française “est vraiment une bonne série ! A côté, Borgen a presque l’air innocent ou désuet…”, admet-il.

La réalité dépasse tant la fiction, jugent en choeur ces auteurs, qu’un tel scénario aurait été refusé par les télévisions.

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10 février 2017 - 11h55