Les Philippines reviennent sur leurs menaces de quitter l'ONU

Plusieurs responsables philippins ont relativisé lundi les propos du président Rodrigo Duterte qui avait menacé dimanche d’un retrait des Philippines de l’ONU, après des critiques de sa guerre meurtrière contre le trafic de drogue. “C’était une manière de dire que la nation est souveraine, ok? Ce n’était pas une déclaration pour dire que nous quittons réellement” l’ONU, a nuancé le porte-parole du président philippin, Ernesto Abella.
“Peut-être que je déciderai de quitter l’ONU. Si tu manques de respect, fils de pute, je te quitte”, avait averti lors d’une conférence à Davao (sud) M. Duterte, réputé pour ses déclarations à l’emporte-pièce et grossières, irrité par les critiques des Nations unies sur sa politique.
Perfecto Yasay, ministre des Affaires étrangères, a estimé devant la presse que “la déclaration du président exprime un profond désarroi et des frustrations. Ce n’est pas une déclaration qui pourrait être une menace de retrait de l’ONU”.
Ces propos du président Duterte dimanche répondaient aux inquiétudes exprimées par les rapporteurs de l’ONU concernant la campagne antidrogue sanglante dans l’archipel.
En juin, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’était indigné que M. Duterte ait, pendant sa campagne, promis de tuer 100.000 criminels et de mettre fin en quelques mois à la criminalité et au trafic de drogue. Plus de 1.700 personnes ont été tuées depuis l’élection en mai de l’avocat populiste.
D’après MM. Duterte et dela Rosa, les policiers n’agissent qu’en état de légitime défense, les abus sont “très rares” et les autres morts sont le fait de bandes criminelles qui éliminent de possibles témoins.
Toutefois, le Sénat enquête sur les meurtres en détention d’un père et de son fils pour lesquels deux policiers ont été inculpés.
“La campagne contre la drogue semble être une excuse utilisée par des membres des forces de l’ordre ou d’autres agents de sécurité comme les vigiles pour perpétrer des meurtres dans l’impunité”, a affirmé la sénatrice Leila de Lima, à l’origine de l’enquête parlementaire.
Du côté des Etats-Unis, ancienne puissance coloniale et qui ont un traité d’alliance militaire avec Manille, le département d’Etat s’est encore dit “profondément préoccupé par les informations relatives aux exécutions extrajudiciaires”.