Les pays européens exportent toujours des armes vers l'Egypte malgré l'embargo

La moitié des pays membres de l’Union européenne continuent d’exporter des armes et des munitions vers l’Égypte malgré l’embargo officiel décrété par l’institution, selon un rapport divulgué mercredi par Amnesty International. La Belgique n’a octroyé aucune licence, mais 13 autres États membres ont livré de l’équipement militaire et policier à l’Égypte. Pour la seule année 2014, ces exportations représentaient six milliards d’euros. L’embargo a été décrété au mois d’août 2013, un mois après la destitution du président Mohammed Morsi par Abdel-Fatah al-Sissi, lorsque les services de sécurité égyptiens ont violemment réprimé des manifestants. “Ces pays risquent de se montrer complices de meurtres illégitimes, de disparitions et de torture”, affirme l’organisation de défense des droits de l’Homme. Le régime du président Sissi est régulièrement critiqué pour violations des droits de l’Homme. “Près de trois ans après la répression, la situation s’est encore dégradée”, selon Magdalena Mughrabi sous-directrice d’Amnesty pour le Moyen-Orient. L’année dernière, des centaines de personnes ont été interpellées sans pouvoir obtenir le moindre contact avec leur famille ou un avocat. L’Égypte n’a toujours pas ouvert d’enquête indépendante malgré les centaines de violations des droits de l’Homme constatées par de nombreuses ONG ces dernières années.
Les pays qui ne respectent pas l’embargo sont, entre autres, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Ces pays ont, affirme Amnesty, livré à l’Égypte des armes, des munitions, des véhicules blindés, des hélicoptères militaires et de la technologie d’écoute. En 2014, la France a ainsi octroyé des licences d’exportation pour plus de 100 millions d’euros en bombes, torpilles, roquettes et autres engins explosifs.
Un expert d’Amnesty, Matthias John, plaide dès lors en faveur de l’arrêt des livraisons de matériel militaire, qui peut servir à réprimer la population. L’ONG craint également que les ministres des Affaires étrangères européens ne lèvent prochainement l’embargo. L’année dernière, les Etats-Unis ont également décidé d’aider militairement l’Égypte, pour un montant d’1,3 milliard de dollars par an.