Les parents d'une starlette pakistanaise excluent de pardonner à leur fils de l'avoir tuée

Le père de la célébrité des médias sociaux Qandeel Baloch a exclu de pardonner à son fils, qui a tué sa soeur au nom de l’honneur, un meurtre qui avait contribué à faire voter une loi durcissant les peines pour ce type de crimes. Le Parlement pakistanais a voté la semaine dernière un texte attendu de longue date visant à ôter la possibilité au juge de lever la sanction même lorsque les proches de la victime, souvent complices, ont “pardonné” à l’auteur d’un crime d’honneur.
Chaque année au Pakistan, des centaines de femmes sont tuées sous prétexte qu’elles auraient bafoué l’honneur familial, et des militants des droits de l’Homme ont salué la nouvelle loi comme une avancée.
“Il n’y aura pas de pardon de notre part”, a déclaré le père de Qandeel Baloch, Muhammad Azee, appelant à ce que son fils et ses trois complices soient punis “au plus vite”. “Ils devraient être condamnés à la prison à vie ou à la peine de mort, j’en serais satisfait”.
Les parents de Qandeel Baloch n’étaient pas au courant des changements apportés à la loi, votés trois mois après l’assassinat de leur fille, tuée pour s’être mise en scène dans des vidéos légèrement provocatrices. Ce crime avait choqué au Pakistan comme à l’étranger.
Le frère de Qandeel Baloch, Waseem, qui avait tué sa soeur en raison de son comportement “intolérable”, ne s’attendait pas à de telles répercussions du meurtre, selon sa mère, Anwar Mai. Il s’attendait à ce que seuls leurs parents soient parties civiles dans ce cas, ce qui sous la législation précédente aurait pu lui permettre d’échapper au châtiment si ses parents lui pardonnaient.
Waseem pensait être emprisonné “deux ou trois mois et qu’ensuite il serait libre, il ne se rendait pas compte que cela deviendrait un cas médiatisé”, a déclaré Anwar Mai.
Des avocats ont souligné que malgré la nouvelle loi, il restait beaucoup à faire pour que les crimes d’honneur soient plus systématiquement punis. “Malheureusement, les députés n’en ont pas fait un crime complètement impossible à pardonner, ils n’ont fait qu’alourdir les peines, ” a souligné Abira Ashfaq, professeur de droit pénal. “Si les députés voulaient rendre la peine de prison à vie obligatoire pour les crimes d’honneur, il leur suffisait de l’écrire explicitement”, a ajouté l’avocat pénaliste Anees Jillani.

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11 octobre 2016 - 21h55