"Les Oubliés", tragédie méconnue de la Seconde Guerre mondiale

En 1945, des soldats allemands, souvent jeunes, durent déminer les plages danoises: oeuvre sobre et puissante, “Les Oubliés” du réalisateur danois Martin Zandvliet, en salles mercredi, rend à l’histoire cet épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale. Coproduction germano-danoise tournée principalement en allemand, “Les Oubliés” (“Under sandet” en danois, “Land of Mine” en anglais), en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger attribué dimanche, et présenté au dernier Festival de Toronto, est inspiré de faits réels.

À la libération en mai 1945, l’armée (danoise dans le film, car en réalité il s’agissait des Britanniques) contraint des soldats de la Wehrmacht faits prisonniers à nettoyer les plages du littoral occidental, où les Allemands ont enterré près de deux millions de mines en prévision d’un débarquement allié.

Le sergent Carl Rasmussen (Roland Møller), homme fruste consumé par la haine de l’occupant, prend la tête d’une unité de déminage composée de 14 soldats, dont le plus jeune a 13 ans. Ils sont formés en quelques jours par un officier revanchard.

Affamés, terrorisés par la mort de camarades au cours de leur apprentissage, Sebastian Schumann (Louis Hofmann), Helmut Morbach (Joel Basman) et les jumeaux Ernst et Werner Lessner (Emil et Oskar Belton) vont sonder des kilomètres de sable et exhumer à mains nues des centaines de mines antichar et mines-S antipersonnel.

Malgré les privations, l’effroi et la mort omniprésente, une sorte de confiance s’installe avec le sergent Rasmussen, qui fait même rempart contre l’arbitraire des Anglais et des Danois.

Leur mission, qui s’achèvera en octobre 1945, sera traumatisante: sur les 2.000 soldats réquisitionnés pour déminer les plages danoises, la moitié mourront ou seront grièvement blessés. Un crime de guerre aggravé par la jeunesse des victimes, selon l’historien danois Helge Hagemann.

“Je souhaitais révéler une histoire s’inspirant de faits historiques qui ne sont pas franchement à la gloire du Danemark. Jusqu’ici, la plupart des historiens ont évité d’aborder le sujet”, explique Martin Zandvliet dans une note d’intention.