Les foies gras bulgares et hongrois à l'assaut du monde

Associés à des marques françaises, les foies gras bulgares et hongrois ont trouvé leur public en France et les producteurs volent désormais de leurs propres ailes pour s’imposer sur des marchés plus lointains et moins traditionnels, de Singapour au Vietnam. La Bulgarie est le deuxième producteur mondial de foie gras de canard après la France, qui détient le record avec ses 19.000 tonnes annuelles. La Hongrie, elle, possède le quasi-monopole sur le foie d’oie, dont la fabrication est délaissée en France pour des raisons de faible rentabilité. Mais les temps changent: “il y a dix ans, nous exportions 100% de notre production vers la France, aujourd’hui, c’est 80%”, explique Plamen Tchelebiev, l’un des patrons de Volex, l’un des plus gros fabricants bulgares de foie gras.

Depuis quatre ans, explique-t-il, ses ventes progressent en Suisse, au Japon et il a pris pied au Vietnam et en Thaïlande. “Sur ces marchés, nous vendons sous nos propres marques et à des prix plus élevés, ce qui est plus intéressant”, décrit M. Tchelebiev. En Espagne, deuxième marché de Volex après la France, comme en Belgique, “la Bulgarie et la Hongrie vendent désormais leur foie gras sans l’intermédiaire des Français”. La responsable des exportations d’un gros producteur hongrois, qui ne souhaite pas être nommée, explique elle aussi que son entreprise “a gagné de nouveaux clients au Japon et vend depuis peu à Singapour et en Thaïlande”. La raison ? “Ces pays ne peuvent pas se procurer de quantités suffisantes en France”, assure-t-elle.

Cette année, une importante épizootie de grippe aviaire dans plusieurs départements français a renforcé la tension sur les volumes: les exportations françaises de fois gras ont été frappées d’interdiction dans de nombreux pays. Bulgarie et Hongrie tablent sur des hausses respectives de leur production de 15% à 18% en 2016, alors que la grippe aviaire a fait perdre 25% de la production française. “Une partie de la production bulgare et hongroise va aller vers la France, mais aussi vers les pays tiers qui nous sont fermés. Nous allons perdre des marchés”, s’inquiétait avant l’été Marie-Pierre Pé, déléguée générale de l’organisme des professionnels français du foie gras (Cifog).