Les défilés de haute couture s'ouvrent à Paris sur une note anticonformiste avec Vêtements

Après la mode masculine, la Semaine de la haute couture s’ouvre dimanche à Paris de façon peu conventionnelle avec un défilé de Vêtements, marque branchée et iconoclaste de prêt-à-porter. Une trentaine de défilés automne-hiver sont prévus jusqu’à mercredi soir, alors que le milieu de la mode s’attend à la nomination prochaine d’une créatrice italienne, Maria Grazia Chiuri (Valentino), à la direction artistique de Dior. Ces défilés féminins sont une spécificité parisienne. L’appellation “haute couture” est juridiquement protégée et un club restreint de treize maisons de mode peuvent actuellement s’en prévaloir. Ce label prestigieux couronne des savoir-faire traditionnels, le travail à la main et le sur-mesure. Mais le programme des défilés s’ouvre régulièrement à des membres invités qui ne remplissent pas nécessairement ces critères.

C’est le cas de Vêtements, dont l’arrivée dans le programme bouleverse encore davantage les codes. La marque lancée en 2014 s’est imposée comme la sensation du moment, avec son esthétique streetwear, oversize et vintage. Ses jeans réalisés à partir de paires de Levi’s déconstruites puis ré-assemblées font un tabac chez les fashionistas qui plébiscitent aussi ses t-shirts jaunes siglés… DHL (groupe de transport et logistique), et ses robes fleuries aux manches interminables. Le buzz autour de cette marque adepte du mélange des genres a propulsé en pleine lumière son créateur, le Géorgien Demna Gvasalia, qui a été recruté en octobre comme directeur artistique par Balenciaga.

Aux côtés de son frère Guram, PDG de Vêtements, il entend aussi bousculer le calendrier traditionnel de la mode: la marque a choisi de présenter sa collection printemps-été 2017 non pas lors de la Fashion Week parisienne de septembre comme elle le faisait auparavant, mais en juillet, pendant la semaine de la haute couture. Une façon de rallonger la durée de vie de la collection en magasin, en livrant les vêtements plus tôt. La collection comprend une série de collaborations avec des labels de streetwear ou de sportswear populaires, à l’univers bien éloigné de la haute couture, tels Dr Martens, Schott, Reebok, Carhartt, Champion, Levi’s, Eastpak…
Parmi les autres marques associées à la collection, on trouve également l’avant-gardiste Comme des Garçons, ainsi que les costumes de Brioni et les escarpins de Manolo Blahnik. Le défilé comprendra en outre une série de robes, réalisées entièrement par Vêtements. Autres nouveaux-venus de ces défilés: le Japonais Yuima Nakazato, l’Italien Francesco Scognamiglio, ainsi que J. Mendel, maison du créateur français Gilles Mendel, habitué de la Fashion Week new-yorkaise. Les “ateliers de la haute couture” seront le thème du défilé Chanel mardi, pour lequel Karl Lagerfeld imagine toujours des mises en scène spectaculaires.

Dans l’attente d’un nouveau jeu de chaises musicales dans une industrie en plein bouleversement, les défilés Dior (lundi) et Valentino (mercredi) promettent d’être particulièrement commentés. La styliste Maria Grazia Chiuri, qui avec Pierpaolo Piccioli forme le duo créatif à la tête de Valentino depuis 2008, a été choisie pour succéder à Raf Simons chez Dior, selon une source proche du dossier. Les maisons Dior et Valentino ont refusé de confirmer cette nomination qui pourrait intervenir à l’issue des défilés parisiens.

La collection Dior a été réalisée par le duo de stylistes à la tête du studio, Lucie Meier et Serge Ruffieux, qui a assuré l’interim depuis le départ surprise du créateur belge en octobre dernier. Si elle était confirmée, la nomination de Maria Grazia Chiuri en ferait la première femme à ce poste. Elle serait la sixième à succéder au fondateur Christian Dior, décédé en 1957, après Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano et Raf Simons.

Partager l'article

01 juillet 2016 - 12h25