Le Spiegel met en une un dessin de Trump décapitant la statue de la Liberté

L’influent hebdomadaire allemand Der Spiegel a mis en une de son numéro de samedi un dessin du président américain Donald Trump en terroriste décapitant la Statue de la Liberté, provoquant certaines critiques des deux côtés de l’Atlantique. En couverture du magazine de gauche, le dessin de l’artiste américano-cubain Edel Rodriguez montre M. Trump tenant d’une main la tête de “La Liberté éclairant le monde” et de l’autre un couteau ensanglanté. En bas en droite est seulement écrit “America first” (“L’Amérique d’abord”), le mantra du nouveau président américain.
“Sur notre couverture, le président américain décapite le symbole qui souhaite la bienvenue aux migrants et aux réfugiés aux Etats-Unis depuis 1886, et avec lui la démocratie et la liberté”, a expliqué le rédacteur en chef du Spiegel, Klaus Brinkbäumer à l’agence de presse allemande DPA.
Le tabloïd Bild y voyait une comparaison directe avec le Britannique Mohammed Emwazi, connu sous le pseudonyme de “Jihadi John”, vu sur plusieurs vidéos de décapitation d’otages du groupe État islamique. Sollicité par ce quotidien, le vice-président du Parlement européen Alexander Lambsdorff, membre du Parti libéral allemand FDP, a jugé cette une “de mauvais goût”. Cela “joue d’une manière abominable avec la vie des victimes du terrorisme”, a-t-il ajouté.
Pour Die Welt, journal conservateur appartenant au groupe Axel Springer, comme Bild, le Spiegel “dévalorise le journalisme”.
En revanche, ce dessin, fortement partagé sur les réseaux sociaux avec des avis divers, a été brandi samedi après-midi par des manifestants rassemblés devant la Porte de Brandebourg à Berlin, à côté de l’ambassade américaine, pour protester contre le décret anti-immigration de Donald Trump.
Aux Etats-Unis, le Washington Post a qualifié la Une du Spiegel de “stupéfiante”, tandis que le site internet de la chaîne conservatrice Fox News évoquait une couverture “bizarre”.