Le responsable de la coopération policière met en cause la Turquie

Le commissaire Peter De Buysscher, en charge de la coopération policière internationale, a dressé vendredi un réquisitoire contre le manque de collaboration des autorités turques. Interrogé par la commission d’enquête sur les attentats terroristes, le policier a épinglé de nombreuses carences, notamment dans les expulsions de ressortissants étrangers arrêtés en Turquie. Si les autorités turques en avertissent les pays concernés, c’est en général trop tard et par le canal consulaire et non policier, ce qui entraîne une perte de temps importante.

“Nous ne recevons pas les informations en temps utiles. Pour 21 des des 35 expulsions dont on a été informé, on a été averti trop tard. Ce sont potentiellement 21 El Bakraoui”, a-t-il lancé.

Dans le dossiers d’Ibrahim El Bakroui, l’un des kamikazes du 22 mars, les services turcs ont mis des mois pour informer l’officier de liaison à Istanbul des motifs de son arrestation le 11 juillet 2015, et en des termes extrêmement vagues et généraux. Une façon de faire qui a fait sortir le responsable policier de ses gonds. Il a brandi un coupure de la presse turque qui relate les résultats des observations du suspect et de ses relevés téléphoniques ainsi que de ses complices.

“Eh bien, mesdames et messieurs, si nous avions reçu ces informations dans une relation de coopération normale, je ne dis pas qu’on aurait pu éviter les attentats mais nous aurions pu travailler efficacement sur El Bakraoui”, a-t-il lancé.

“Ce que je sais -avec la spécialisation et le professionnalisme de nos services de police, c’est qu’on aurait pu agir. Et nous ne serions pas ici en train de parler de responsabilités personnelles, ce qui fait partie de la culture belge apparemment”, a-t-il ajouté.

L’intervention du responsable policier a clos une audition attendue de longue date, après les accusations portées le 25 mars par le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, contre l’officier de liaison de la police fédérale à Istanbul. Les membres de l’opposition ont répété les conclusions qu’ils tiraient déjà à fin de l’année, après l’audition des deux hommes à huis-clos: les affirmations du ministre ne résistent pas à leurs yeux à l’épreuve des faits.