Le principal quotidien d'opposition hongrois va être vendu

Le principal quotidien d’opposition hongrois va être vendu, a déclaré son rédacteur en chef dimanche, au lendemain de la suspension de la parution qui a soulevé des inquiétudes sur la pluralité de la presse dans le pays. Le groupe Mediaworks, propriétaire de Nepszabadsag, avait assuré samedi que la suspension de la parution du journal était dictée par des raisons économiques, et serait suivie de l’élaboration “d’un nouveau concept”.
Les journalistes ont affirmé n’avoir pas été informés à l’avance de cette décision, et avoir été empêchés d’entrer dans le bâtiment.
Les représentants de Mediaworks et ceux de la rédaction ont échoué dimanche à s’entendre sur la reprise de la publication lundi et sur celle de la version en ligne du quotidien, selon le rédacteur en chef Andras Muranyi.
“Nous n’avons accepté de travailler que sur les conditions de la vente du journal et la recherche d’un nouveau propriétaire”, a-t-il déclaré aux journalistes devant le siège du journal à Budapest.
Des partis d’opposition et plusieurs membres de la rédaction ont accusé le parti Fidesz du Premier ministre Viktor Orban d’avoir cherché à étouffer les médias ne soutenant pas la ligne du gouvernement.
Ils soulignent que l’annonce de la suspension de la parution du journal est survenue quelques jours après qu’il avait fait état d’allégations de corruption à l’égard de deux personnalités proches de M. Orban.
“La fermeture soudaire de Nepszabadsag crée un précédent inquiétant”, a estimé dans un tweet le président du Parlement européen Martin Schulz.
Environ 2.000 personnes se sont rassemblées samedi à Budapest pour exprimer leur solidarité avec les journalistes du quotidien.
Créé il y a soixante ans, Nepszabadsag – dont le nom signifie “Le peuple libre” – est le plus fort tirage de la presse hongroise et un critique virulent du Premier ministre et de sa politique anti-immigration.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban, a souvent été accusé de vouloir utiliser les médias à son profit, et de larges secteurs des médias privés ont été achetés par des oligarques proches de son gouvernement, affirment ses détracteurs.