Le pape François met en garde contre le populisme et "les murs"

Le pape François a mis en garde contre les “populismes” qu’engendrent les crise et poussent à élire des “sauveurs” et à s’entourer de “barbelés”, dans un entretien publié samedi par le quotidien espagnol El Pais. “Bien sur les crises provoquent des peurs, des inquiétudes”, déclare Jorge Bergoglio, qui a reçu le premier quotidien espagnol pendant une heure quinze vendredi à Rome, au moment où le président américain Donald Trump prêtait serment.
“Pour moi l’exemple type du populisme au sens européen du mot c’est l’année 1933 en Allemagne”, ajoute-t-il.
Après la crise, “l’Allemagne (…) cherche un leader, quelqu’un qui lui rende son identité et il y a un petit gars, qui se nomme Adolf Hitler et qui dit +moi je peux, moi je peux+”.
“Hitler n’a pas volé le pouvoir”, souligne le Pape, “il a été élu par son peuple et après il a détruit son peuple”.
Les gens se disent “cherchons un sauveur qui nous rende notre identité et protégeons-nous avec des murs, avec des barbelés, avec n’importe quoi pour que les autres ne puissent nous enlever notre identité”, ajoute encore François. “Et ça, c’est très grave”, ajoute-t-il en appelant au dialogue.
“Le cas de l’Allemagne est classique” ajoute le pape argentin: “Il y avait un peuple en crise qui cherchait son identité et ce leader charismatique est apparu”. “Il a donné (aux Allemands) une identité déformée et on sait ce qui s’est produit”.
Le pape recommande néanmoins d’éviter les jugements hâtifs concernant le nouveau président américain.
“On verra. On verra ce qu’il fait et après on évaluera. Il faut rester dans le concret”.
François a offert vendredi ses bons voeux à Donald Trump, en priant pour que ses décisions soient “guidées par les riches valeurs spirituelles et éthiques” du peuple américain, avec une “préoccupation pour les pauvres”.
Il n’aura dans tous les cas pas vu les images de l’investiture à la télévision car, confie-t-il dans l’entretien, il a fait depuis le 19 juillet 1990 le voeu de ne pas la regarder.
Sur le populisme allié au protectionnisme il a encore considéré dans cet entretien que “chaque pays a le droit de contrôler ses frontières, qui les traverse et qui en sort… mais aucun n’a le droit de priver ses citoyens de dialoguer avec ses voisins”.