Le Pakistan va revoir ses lois contre les crimes d'"honneur" et les viols

Le Pakistan, secoué le week-end dernier par un nouveau crime dit d'”honneur” contre une célèbre starlette, va revoir sa législation contre ces meurtres et contre les viols, a-t-on appris jeudi de source officielle. Un comité composé de membres des deux chambres du Parlement pakistanais va examiner dans la journée de jeudi des amendements aux lois existantes contre les crimes d'”honneur” et les viols, a indiqué Hasan Murtaza Bukhari, secrétaire de ce comité. “Une fois discutés et approuvés par le comité, les textes passeront devant une séance conjointe du Parlement, qui devrait avoir lieu rapidement”, a-t-il ajouté. Des centaines de femmes sont tuées chaque année au Pakistan par des proches sous prétexte qu’elles auraient bafoué l'”honneur” familial.

Une disposition controversée du droit islamique en vigueur au Pakistan prévoit que les hommes tuant des femmes de leur famille peuvent échapper à toute condamnation si les proches leur “pardonnent” en échange du versement d’une somme compensatoire. Ce trou noir législatif est fréquemment dénoncé dans le pays, car selon les détracteurs de la loi, il encourage ces crimes. Le débat a rebondi cette semaine après le meurtre vendredi dernier d’une jeune starlette en vogue sur les réseaux sociaux, Qandeel Baloch, étranglée par son frère, qui a déclaré avoir agi au nom de l'”honneur” de la famille.

L’ONG Amnesty International a appelé cette semaine le Pakistan à “mettre un terme à l’impunité”, citant des chiffres montrant une forte augmentation du nombre de cas au cours des trois dernières années. Le Premier Ministre Nawaz Sharif s’était engagé en février à éradiquer les crimes d’honneur mais aucune autre législation n’a été mise en place depuis ses déclarations.