Le mouvement végétalien est-il en train de singer le pire de la "junk-food" ?

Beignets, hamburgers, bacon, pizzas, crèmes glacées et fête de la bière: à force de se démocratiser, le mouvement végétalien est-il en train de perdre son âme et de singer le pire de la “junk-food” ? En Californie, épicentre américain de la nourriture saine, le régime végétalien – qui exclut tous les aliments d’origine animale y compris les laitages et les oeufs – séduit un public toujours plus large soucieux d’épargner les animaux, l’environnement, ou tout simplement sa propre santé. D’après une étude d’Harris Interactive, 7 à 8 millions de personnes en sont adeptes, les plus extrêmes mangeant même macrobiotique ou cru. Les fines bouches disposent aujourd’hui d’une pléiade de tables gastronomiques où déguster des salades de pastèque au fromage d’amande et pistaches toastées, ou des fleurs de courgettes farcies à la ricotta de macadamia.

Mais à côté de cela prolifèrent des restaurants de fast-food et de “comfort food” – “nourriture qui réconforte” ou “cuisine doudou” en français, qui pioche notamment dans les basiques de l’enfance – végétaliens qui, eux, servent des plats frits, panés et à base de fausse viande au soja. On trouve même des bouchers végétaliens qui vendent de la “fausse viande” et des “Oktoberfests” (fête de la bière allemande) avec des saucisses non carnées.

A la foire végétalienne d’Anaheim, en banlieue de Los Angeles, on est bien en peine pour trouver un bol de quinoa. Et chez Donut Farm dans le quartier de Silver Lake à Los Angeles, Chris Boss, l’un des vendeurs, admet que leurs beignets au thé vert ou au caramel salé à base de lait de coco ou de lécithine de soja “restent des boules de pâte sucrées et remplies de calories”. Il estime cependant que ces beignets “vegan” restent plus sains que leurs équivalents traditionnels, car “ils ne contiennent pas d’acides gras trans ou de cholestérol”.

“Les gens deviennent végétaliens par horreur face à l’agriculture industrielle ou par compassion pour les animaux, mais le simple fait de manger végétalien ne veut pas dire que c’est sain”, renchérit Annie Jubb, fondatrice du magasin et spa LifeFoodOrganic et l’une des figures du mouvement à Los Angeles. Chez Café Gratitude, mini-empire de restaurants bios qui offre des recettes à la fois saines et savoureuses dans un environnement “hippie chic”, on déguste des boissons mixées au chocolat, lait de coco, dattes et pollen, des falafels, ou encore des bols de curry ou de haricots-guacamole-fromage de noix de cajou.

Ryland Engelhart, l’un des propriétaires, estime qu’on ne peut attendre des nouveaux adeptes qu’ils “passent du jour au lendemain à un régime exclusif de salade de nouilles d’algues aux pousses de soja”. Pour lui, la “comfort food végétalienne donne aux gens une sensation familière de satiété, un peu plus saine” que la nourriture traditionnelle. Mais Annie Jubb et lui insistent sur le fait que les plats de fausse viande au soja frit sont loin d’être diététiques.