Le gouvernement polonais veut nommer directement les chefs des médias publics

Le gouvernement conservateur polonais veut nommer directement les chefs de la radio et de la télévision publiques, aux termes d’un projet de loi discuté mercredi au parlement et flétri d’ores et déjà par plusieurs organisations internationales. Le nouveau texte a été soumis aux députés lundi soir et doit être voté dans un délai express. Il fait expirer avec effet immédiat les mandats des membres des directions et des conseils de surveillance de la télévision et de la radio publiques.

C’est le ministre du Trésor qui aurait désormais la compétence de nommer, et de révoquer, les nouveaux chefs des médias publics, jusqu’à présent choisis par voie de concours organisés par le Conseil national de l’audiovisuel (KRRiT).

Plusieurs organisations de médias, comme l’Union européenne de Radio-Télévision (UER/EBU), l’Association des journalistes européens (AEJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont exprimé leur “indignation” face à ces dispositions “introduites à la hâte, sans aucune consultation”, selon le site internet d’UER.

Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans “a demandé une information du gouvernement polonais” sur ce projet de loi, selon un tweet mercredi de son porte-parole Margaritis Schinas.

Dans une lettre au ministre polonais de la Culture, l’AEJ s’est déclarée “profondément préoccupée” par les changements proposés.

S’ils sont appliqués, ils “placeront la télévision et la radio publiques sous contrôle direct du gouvernement, impliquant le licenciement pour des raisons politiques de journalistes respectés, et conduiront à une ingérence éditoriale systématique dans le contenu des émissions, en faveur de l’actuel gouvernement”, s’inquiète l’association, une ONG reconnue par l’Unesco et le Conseil de l’Europe.