Le Festival d'Avignon sous le signe de l'Afrique et des femmes

Les femmes, avec la figure d’Antigone en japonais dans la Cour d’Honneur en ouverture, et l’Afrique sont à l’honneur cette année du Festival d’Avignon, dont la programmation était dévoilée mercredi par son directeur Olivier Py. Le programme du plus grand festival de théâtre européen avec Edimbourg affiche 34 créations sur 41 spectacles au total. “Il n’y a jamais eu autant de femmes”, a souligné Olivier Py. Elles portent 37% des projets du festival.

“Il y a l’idée d’une résistance qui passe par les femmes, des femmes en lutte contre le patriarcat, contre une loi qui n’a pas de sens, pour revendiquer plus d’humanité, particulièrement chez les femmes africaines, qui est la région du monde invitée au festival, avec sept spectacles” explique Olivier Py.

C’est le Japonais Satoshi Miyagi, auteur d’un “Mahabharata” enchanteur à Avignon en 2014 qui ouvrira le bal le 6 juillet dans la Cour d’honneur du palais des papes avec “Antigone” de Sophocle.

Renouant avec le principe du feuilleton quotidien donné tous les midi gratuitement dans un jardin d’Avignon, Olivier Py a demandé à l’ancienne Garde des Sceaux française Christiane Taubira, “grande amoureuse de la littérature et de la poésie”, d’écrire “une sorte de grande leçon de démocratie” à partir de textes fondateurs de la conquête des droits.

L’Afrique est en vedette, avec notamment “Unwanted” de la Britannique d’origine rwandaise Dorothée Munyaneza, sur les enfants nés de viols pendant le génocide au Rwanda.

Le Sud-africain Boyzie Cekwana monte “The last King of Kakfontein” (littéralement “fontaine de caca”), spectacle grinçant sur la désillusion de l’après-Apartheid.

Dans “Kalakuta Republik” le chorégraphe burkinabé Serge Aimé Coulibaly évoque la “république” fondée par le musicien et homme politique Fela Kuti.

En clôture du festival, la Cour d’honneur accueillera le 26 juillet “Femme noire” de Léopold Sédar Senghor, avec Angélique Kidjo, Isaach de Bankolé et le musicien Manu Dibango.

Parmi les grands noms du théâtre européen, Frank Castorf fait ses adieux à la célèbre Volksbühne de Berlin avec un spectacle franco-allemand, “Le roman de Monsieur de Molière” d’après le Russe Boulgakov, où “il ne renonce pas à la démesure”, selon Olivier Py.

Le Belge Guy Cassiers, qui a monté une version glaçante des “Bienveillantes” de Jonathan Littell en 2016 propose à Avignon “Le Sec et l’Humide”, autre récit de l’auteur franco-américain à propos du fasciste Léon Degrelle.

La Britannique Katie Mitchell donne sa vision féministe de la pièce de Jean Genet “Les Bonnes”, sans utiliser la vidéo qui avait jusqu’à présent fait sa marque de fabrique, mais avec un homme dans le rôle de “Madame”.

Quant au patron du festival Olivier Py, il crée “Les Parisiens”, adaptation de son dernier et copieux roman. “C’est Paris sous son plus mauvais jour”, dit-il. “J’ai voulu raconter une sorte d’effondrement du politique et comment des réseaux obscurs arrivent à remplacer l’intérêt général.”

Pas de festival d’Avignon sans un marathon théâtral: ce sera “Les Atrides: huit portraits de famille”, mis en scène par l’Italien Antonio Latella. Huit pièces, chacune d’un auteur différent, données à raison de quatre par jour: de quoi nourrir tous les appétits de théâtre.

La 71e édition du festival d’Avignon se déroulera du 6 au 26 juillet dans la ville du Sud de la France. La billetterie ouvrira le 12 juin.