Le CSA va auditionner la RTBF à propos du dérapage d'Alain Simons sur Vivacité

L’instruction ouverte par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) après le dérapage d’Alain Simons sur les ondes de Vivacité Charleroi en novembre dernier est close. L’instance décisionnelle du CSA a “notifié un grief” à la RTBF, rapporte mercredi l’autorité de régulation, ce qui signifie que le média de service public va être auditionné et risque, en théorie, une sanction. Le 22 novembre dernier, durant l’émission “Charleroi Matin”, l’animateur Alain Simons avait prévenu ses auditeurs de “la présence de gitans”. “On ne sait jamais, fermez bien les portes. Si vous avez des trucs ‘volables’ chez vous, faites attention”, avait-il ajouté.
Deux auditeurs ainsi que le centre interfédéral pour l’égalité des chances Unia ont porté plainte au CSA, qui a ouvert une instruction. Sur la base de celle-ci, le Collège d’autorisation et de contrôle (CAC), soit l’instance décisionnelle du CSA, a notifié à la RTBF le grief d’avoir diffusé “un programme contenant des incitations à la discrimination pour des raisons d’ethnie, en infraction à l’article 9, 1° du décret coordonné sur les services de médias audiovisuels”.
Le CAC dira si ce grief est établi ou non après avoir entendu la RTBF. Véhiculer des stéréotypes n’est pas interdit et Alain Simons n’a pas dit que les “gitans” étaient des voleurs. Mais le sous-entendre “comme une évidence” pourrait constituer une incitation à la discrimination, analyse-t-il.
Jusqu’ici, la RTBF s’est abstenue de se positionner sur le plan juridique. Mais elle a fermement condamné les propos d’Alain Simons, qui s’est lui-même excusé, et a interdit l’animateur d’antenne durant une semaine.
Outre la procédure devant le CSA, le Comité national des gens du voyage a déposé plainte au pénal. Mais, d’après Unia, celle-ci a peu de chance d’aboutir car il semble difficile de prouver une intention discriminatoire dans le chef d’Alain Simons, a expliqué à Belga son co-directeur, Patrick Charlier. C’est la raison pour laquelle Unia a préféré s’en remettre au CSA, qui se prononcera au niveau de la responsabilité de la RTBF et non de l’animateur.