Le compositeur Alan Menken, expert de Disney, rêve d'un Emmy

Déjà exceptionnelle avec onze Grammys, huit Oscars, et un Tony, la collection de récompenses prestigieuses d’Alan Menken reste néanmoins incomplète: il n’a pas d’Emmy. La comédie musicale pour la télévision “Galavant” pourrait le combler. Avec une carrière de cinq décennies, le compositeur new-yorkais de 67 ans affiche plus d’une centaine de nominations dans le monde entier pour des prix particulièrement enviés.
Cette saison pourrait lui permettre d’entrer dans un club très fermé, celui des “EGOT”. A savoir les douze artistes ayant été couronnés dans chacune des quatre grandes cérémonies aux Etats-Unis: Emmy (télévision), Grammy (musique), Oscar (cinéma), Tony (théâtre).
“Les récompenses sont de formidables baromètres de l’ampleur de l’appréciation de vos pairs pour votre carrière. Mais si je ne gagne pas, je ne vais pas en mourir”, a déclaré le compositeur à l’AFP.
“Depuis que j’ai reçu les Oscars, les Grammys et le Tony, j’entends des gens susurrer à mon oreille: +EGOT, EGOT, EGOT!+. C’est un fardeau”, a-t-il relevé.
John Gielgud, Audrey Hepburn ou encore Whoopi Goldberg et Mel Brooks sont membres de ce club.
Pour rejoindre ces “happy few”, Alan Menken compte sur “A New Season”, chanson tirée de la comédie musicale “Galavant” diffusée sous forme de série télévisée. Elle est en lice le 18 septembre dans la catégorie meilleure musique originale et paroles.
Il espère que le morceau, et son couplet “On va devoir te tuer si tu chantes cette foutue chanson/ Elle n’a pas remporté d’Emmy, il est temps de passer ton chemin”, va titiller l’Académie de la télévision.

Né à Manhattan d’une mère artiste de scène et d’un père dentiste et joueur de boogie-woogie au piano, le futur maestro a grandi en regardant de célèbres comédies musicales.
Diplômé de musicologie à l’université NYU de New York, il a formé un duo de compositeurs avec Howard Ashman pour “La petite boutique des horreurs” (1982), spectacle le plus rémunérateur de l’histoire de la programmation Off-Broadway.
En 1989, Disney fait appel à eux pour la musique de “La petite sirène” et, depuis, Menken a participé à la plupart des plus gros hits de ces studios, dont “La Belle et la Bête” (1991), “Aladdin” (1992) et “Pocahontas” (1995).
Il y a deux ans, l’équipe de “Saucisse Party” le contacte, estimant que s’arroger les services d’un spécialiste des films Disney serait parfait pour composer la musique de ce qu’ils considèrent comme une parodie de Disney pour adultes.
Premier film d’animation numérique interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte, les aventures d’une saucisse embarquant dans une quête existentielle ont rencontré un succès auprès des critiques et du public.
Elles ont aussi offert une nouvelle expérience à Menken, habitué à écrire de gentilles chansonnettes pour Disney mais qui a dû changer de registre et utiliser des grossièretés à foison.
“La musique est l’élément normal de ce projet. Avant même que je sois impliqué, les réalisateurs tentaient de se procurer une musique très typique, traditionnelle de Hollywood”, a relevé M. Menken.

“Ils n’avaient pas beaucoup d’expérience avec ma façon de travailler sur les chansons, et je pense que pour eux il s’agissait plutôt de +on saura ce qu’on aime quand on l’entend+”, a-t-il raconté, reconnaissant sa naïveté concernant certains aspects du film.
Jusqu’à ce que ses deux filles lui fassent un décryptage, en particulier sur le fait que le titre était une expression employée comme euphémisme d’orgie sexuelle. “J’en avais aucune idée, je leur ai dit +Mais de quoi parlez-vous+”.
Son prochain projet va le ramener en décembre à Broadway pour une adaptation de la pièce autobiographique de Chazz Palminteri “Il était une fois le Bronx” co-dirigée par Robert De Niro, réalisateur et acteur de la version long-métrage en 1993.
Puis il va enchaîner avec Lin Manuel Miranda, l’homme du moment dans le monde des comédies musicales grâce à “Hamilton”, pour une version de “La petite sirène”.