Le chef de la diplomatie française estime qu'il ne faut pas se focaliser sur Assad

Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé vendredi que le règlement du conflit syrien ne dépendait pas uniquement de “la question” du sort de Bachar al-Assad. “Si certains veulent à tout prix qu’on place le débat sur: Est-ce que l’on garde Assad ou est-ce que l’on ne garde pas Assad, ce n’est pas comme cela que la question se pose”, a estimé M. Ayrault en arrivant à une réunion de l’Otan à Bruxelles.

“La question est celle de savoir si la communauté internationale respecte ses propres engagements”, a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis ont reconnu jeudi ne plus faire du départ du président syrien une “priorité” et chercher une nouvelle stratégie dans le règlement du conflit en Syrie qui dure depuis six ans.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a même indiqué que son pays voulait travailler avec la Turquie et la Russie, qui sont tous deux intervenus militairement en Syrie, pour trouver une solution politique à long terme, plutôt que de se focaliser sur le sort du président syrien.

A ce propos, M. Ayrault a souligné qu’il ne savait pas “quelle est la position américaine en définitive”. Il a exhorté les responsables à Washington à “clarifier leur position”.

Il ne faut “pas se contenter de l’option militaire, mais s’engager aussi pour encourager la négociation et aboutir à un accord de paix et de réconciliation en Syrie, et de reconstruction pour permettre enfin le retour des réfugiés”, a-t-il martelé.

“C’est bien de se focaliser sur la lutte contre Daech” (acronyme de l’organisation Etat islamique), mais “il doit y avoir une transition pour éloigner le régime d’Assad qui a causé tant de morts et de destructions pour le peuple syrien”, a de son côté insisté le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson.

MM. Johnson et Ayrault ont rappelé leur attachement à la feuille de route pour une solution politique en Syrie adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU fin 2015 (résolution 2254).

Outre des négociations opposition-régime, comme celles actuellement en cours à Genève, et un cessez-le-feu, le texte prévoit un gouvernement de transition et des élections.

“C’est dans ce cadre que, évidemment, la question d’Assad se pose. On n’imagine pas l’avenir de la Syrie, quand le processus (de transition) aura été engagé, avec Bachar al-Assad à sa tête, alors qu’il y a eu 300.000 morts” en Syrie, a fait valoir M. Ayrault.