La trêve permet de renforcer l'aide aux millions de Syriens

La trêve globalement respectée dans les combats en Syrie a permis d’améliorer la fourniture d’aide humanitaire aux quelque 4,7 millions de Syriens dans le besoin et de renforcer la confiance entre les différents belligérants en vue de la conclusion d’un accord politique sur la fin du conflit, a affirmé jeudi à Bruxelles un haut responsable des Nations unies. “Le contexte est à l’espoir en général”, a assuré le secrétaire général adjoint de l’ONU et chef du Bureau de coordination des Affaires humanitaire (Ocha), Stephen O’Brien, à quelques journalistes à l’issue d’une série de rencontres avec des responsables européens, dont la haute représentante pour la politique étrangère de l’UE, Federica Mogherini, et le ministre belge de la Coopération au développement, Alexander De Croo.

Au cours des trois dernières semaines, les Nations unies ont ainsi pu acheminer, en dépit des difficultés persistantes d’accès sur le terrain, de l’aide avec une série de convois – 236 camions au total – qui ont ravitaillé 115.000 (BIEN: 115.000) personnes dans les zones assiégées, a expliqué M. O’Brien.

A titre de comparaison, l’Ocha n’avait pu acheminer aucune aide humanitaire vers ces zones au cours des trois premiers mois de l’an dernier, a souligné le “patron” des opérations humanitaires onusiennes.

“Le résultat (de la trêve et de la diminution des combats), c’est que nous avons davantage de personnes servies en biens vitaux et pour leur protection”, a ajouté M. O’Brien. “Cela nous aide aussi à générer de la confiance (entre belligérants) ce qui est la condition pour nous permettre d’arriver” auprès des populations dans le besoin.

Au total, l’ONU estime que plus de quatre millions de personnes vivent dans des zones difficiles d’accès en Syrie, et un demi-million dans des zones assiégées.

Un accord sur une cessation des hostilités a été négocié et conclu le 22 février par les Etats-Unis et la Russie, avec le soutien de l’ONU.

Cette trêve, entrée en vigueur samedi, cinq jours plus tard, intervient cinq ans après le déclenchement d’une guerre qui a fait 270.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.

L’accord ne concerne que les régions tenues par l’armée régulière et ses supplétifs ainsi que celles tenues par les groupes d’insurgés qui se sont engagés à respecter la trêve. Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) et du Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, en sont ainsi exclus.

A Genève, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a estimé jeudi que le succès de la trêve n’était pas “garanti”, mais que “des progrès étaient “visibles”.

L’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a quant a lui indiqué que le nombre de civils tués avait considérablement baissé depuis le début samedi de la trêve entre régime et rebelles.

Les discussions intersyriennes destinées à rétablir la paix en Syrie doivent reprendre le 9 mars à Genève.

M. O’Brien a par ailleurs appelé les pays donateurs à concrétiser les promesses de dons faites lors de la conférence de Londres le 4 février dernier.

Quelque onze milliards de dollars avaient alors été promis pour aider les millions de Syriens touchés par la guerre et tenter d’endiguer la crise des réfugiés qui menace de déstabiliser les pays d’accueil (Jordanie, Turquie et Liban, principalement). Sur ce montant, 5,6 milliards de dollars doivent être versés en 2016 et 5,1 d’ici 2020.

Il faut convertir ces promesses en engagements et en cash, a en substance réclamé le responsable onusien.