La technique du kimono transposée aux costumes masculins

La créatrice japonaise Hiromi Asai a conçu une collection de vêtements pour homme, présentée à New York, utilisant les techniques de fabrication et de décoration des kimonos, une transplantation qui vise à relancer cet art menacé. Spécialiste du kimono, la designer de 36 ans avait présenté une première collection à New York durant la Semaine de la mode de février 2016, composée de kimonos réinterprétés avec fantaisie.

Pour parvenir à se lancer, elle avait levé 66.000 dollars grâce à une campagne sur le site de financement participatif Kickstarter. Mais cette première tentative n’a pas rencontré un succès suffisant pour poursuivre. “Le marché n’était pas encore là”, explique-t-elle à l’AFP, par le biais d’une traductrice. Elle a donc décidé de se lancer dans la mode masculine et a présenté, durant la Fashion Week homme de New York, une collection homme, baptisée “Blue”, à New York. On y retrouve des costumes, des cravates, des blousons, des vestes et des manteaux, dont les coupes n’ont rien de japonais ou rappelant le fameux drapé du kimono.

Les costumes, dont beaucoup portent des motifs ou des dégradés, correspondent à une mode “décontractée”, explique Hiromi Asai. “Il y a un peu de fantaisie, de légèreté, mais pas trop”. A travers cette initiative, la couturière veut trouver sa place dans le prêt-à-porter de luxe, mais elle espère aussi contribuer à sauver les artisans du kimono.

Au Japon plusieurs créateurs notamment, Jotaro Saito, ont tenté ces dernières années de soutenir le secteur en présentant des kimonos réinterprétés et en travaillant avec des matières nouvelles. Décidée à s’aventurer chez l’homme, Hiromi Asai a collaboré avec plusieurs artisans de tout le Japon, qui ont préparé les tissus dans la tradition du kimono, essentiellement à partir de soie, de laine et de coton.

Pour faire baisser le prix de ses pièces, elle dit avoir traité directement avec les artisans, sans passer par le réseau d’intermédiaires qui organise le marché, selon la créatrice, qui a financé cette collection grâce à de nouveaux investisseurs. Les artisans “avaient peur” de se mettre ces intermédiaires à dos, dit-elle, mais ont fini par accepter. Elle s’est également engagée à acheter toutes les pièces, alors que les intermédiaires font ordinairement peser le risque financier sur les artisans, assure-t-elle. Ses costumes coûtent encore plus de 6.000 dollars pièce, mais selon elle, les intermédiaires auraient pu faire grimper le prix jusqu’à 20.000 ou 30.000 dollars.

Etablie depuis 2008 à New York, elle a choisi de montrer ses créations en Occident, car, dit-elle, “la plupart des hommes japonais suivent les tendances qui viennent de l’étranger”.