La Semaine de la Mode à Milan s'ouvre dans une version réduite

Le défilé de Dsquared2, la marque des jumeaux canadiens Dean et Dan Caten, ouvrira vendredi soir à Milan (nord) la Semaine de la Mode masculine, consacrée au prêt-à-porter pour l’été prochain, dans une version réduite par rapport aux précédentes éditions. Si la plupart des grandes maisons italiennes de couture seront encore présentes cette fois-ci dans la capitale lombarde, telles Versace, Prada, Salvatore Ferragamo, Fendi ou Armani, d’autres ont décidé de ne plus figurer dans le calendrier officiel. Pour les Siciliens de Dolce&Gabbana, c’était déjà le cas depuis plusieurs années, en raison d’un vieux conflit avec la Camera della Moda Italiana (Chambre de la mode italienne, CMI), qui organise l’événement. Mais pour les autres maisons, cette absence sera une première. De quatre jours pleins, le programme des festivités passe donc à trois et demi, avec une matinée de mardi réservée uniquement au défilé du “roi” Giorgio Armani, 81 ans.

Début mai, Brioni, spécialisée dans les costumes sur mesure et filiale de Kering, avait annoncé son départ de la Fashion Week milanaise pour présenter à Paris en juillet la première collection de son tout nouveau directeur de la création, Justin O’Shea. Ermenegildo Zegna, qui vient d’engager un nouveau directeur artistique, Alessandro Sartori, a récemment annoncé aussi son absence des podiums milanais. “Pour la saison à venir printemps-été 2017, nous avons décidé de prendre notre temps afin de nous préparer aux futurs développements de notre marque. C’est pourquoi le groupe (propriétaire également de la marque Z Zegna, ndlr) n’aura ni défilé, ni présentation en juin”, explique un communiqué.

De la même manière, Bottega Veneta, elle aussi filiale de Kering, ne défilera pas à Milan. Les pièces de la nouvelle collection seront visibles sous forme d’une “simple présentation: elles défileront au mois de septembre avec la collection femmes”, explique-t-on chez Bottega Veneta. Cette tendance à faire défiler hommes et femmes ensemble, pour présenter en même temps les collections masculines et féminines d’une même marque, fait désormais tâche d’huile. Outre les économies, énormes, réalisées, elle découle d’une certaine philosophie “unisexe” de la mode. Ainsi, début mai, le styliste sarde Antonio Marras avait annoncé la même démarche en expliquant que les collections hommes et femmes tendaient “à devenir les deux faces d’une même âme qui, ensemble, se complètent”.

Autre filiale de Kering, Gucci a pris aussi début avril cette décision “naturelle”. “C’est la façon dont je vois le monde aujourd’hui”, avait expliqué le directeur artistique de Gucci, Alessandro Michele, tout en reconnaissant aussi un intérêt pratique à l’abandon d’un calendrier masculin spécifique.
Face à ces défections, et craignant de voir le rendez-vous milanais se réduire comme peau de chagrin, le ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, a annoncé mardi, lors du salon professionnel du textile Pitti Uomo de Florence, qu’en 2017 les rendez-vous milanais et florentins seraient “intégrés”. “Nous ne pouvons faire venir les acheteurs en Italie à de trop nombreuses reprises”, a-t-il expliqué devant les représentants de quelque 1.200 marques, dont 44% étrangères.

Avec 30.000 visiteurs attendus et presque 9.000 acheteurs, le salon Pitti Uomo, qui s’est tenu de mardi à vendredi, est monté en puissance ces dernières années face à la Fashion Week milanaise, concurrencée par Londres et New York. C’est désormais à l’ombre du célèbre Duomo que se font et se défont les tendances de la mode masculine. Ainsi, selon les experts réunis à Florence, les quelque 300 mannequins attendus ce week-end à Milan devraient porter des tenues d’inspiration militaire et coloniale, même si la tendance “urbanature” est toujours présente. Autre retour en force, celui du sport, avec l’imminence des jeux Olympiques à Rio, ainsi que le cuir, sous toutes les formes.