La prostitution de mineurs, un phénomène en augmentation

Le nombre de cas de prostitution présumée de mineurs signalés a considérablement augmenté, indique Child Focus dans son rapport annuel publié mardi. De 10 signalements en 2014, on est passé à 35 dossiers en 2015, puis à 60 en 2016. Deux tiers des dossiers ouverts sont liés à des fugues et, dans 37 cas, le mineur a été abusé par des proxénètes d’adolescents. Pour sensibiliser les jeunes et le public à ce phénomène, la Fondation pour Enfants Disparus et Sexuellement Exploités lance le site internet www.stopproxenete-ados.be, version francophone du site www.stoptienerpooiers.be mis en ligne précédemment avec le soutien du gouvernement flamand.

De manière générale, les adolescents sont de plus en plus souvent victimes de chantages à caractère sexuel, relève Child Focus. En 2016, le nombre de cas de “sextortion” (inciter une personne à partager des selfies et des vidéos à caractère sexuel pour ensuite la soumettre à un chantage sexuel) a explosé, passant de 17 en 2015 à 41 en 2016. Le grooming, une stratégie de sollicitation de mineurs via internet afin de les manipuler pour obtenir des faveurs sexuelles, est également en augmentation avec 48 dossiers ouverts en 2016 contre 31 l’année précédente. Enfin, Child Focus a été interpellée à 128 reprises pour des cas de sexting secondaire (62 dossiers en 2015), soit l’échange d’images de soi sexuellement connotées qui atterrissent ensuite dans la sphère publique.

A l’inverse, les cas de pornographie infantile signalés ont fortement diminué en 2016 en Belgique, mais pas dans les pays voisins. En 2016, le site a reçu 781 signalements alors que les années précédentes, ce nombre tournait autour des 1.400. Child Focus avance plusieurs hypothèses. Tout d’abord, le phénomène pourrait avoir migré vers le “dark web”, empêchant la majorité des utilisateurs d’être confronté par hasard à ces images. Ensuite, cette diminution est peut-être “simplement due au fait que nous avons relativement peu fait la publicité de notre point de contact civil”, conclut la Fondation.