La déradicalisation dans les prisons n'est encore qu'un voeu pieux

La déradicalisation dans les prisons reste jusqu’à présent un voeu pieux, est-il ressorti lundi de l’audition de trois directeurs d’établissements pénitentiaires devant la commission d’enquête sur les attentats terroristes. Le processus en est à ses balbutiements et les moyens semblent manquer, notamment des Communautés. Deux ailes destinées à des détenus radicalisés qui présentent un risque de contamination à l’égard de leurs compagnons ont été crées, l’une à Ittre, l’autre à Hasselt. Les premiers prisonniers sont arrivés en avril et il est difficile de faire une première évaluation de la politique, à entendre les directeurs des deux établissements. Pour autant, la politique qui vise à isoler les “recruteurs” ou les “prophètes” et à disséminer les autres pour les socialiser n’est pas remise en cause.

“En tout état de cause, on devait faire quelque chose. On ne pouvait pas continuer la politique de l’autruche. Il y avait un recrutement, très visible”, a expliqué la directrice d’Ittre, Valérie Lebrun.

La politique menée vise à confiner les détenus les plus dangereux, normaliser leur régime d’enfermement et les “désengager”. Les deux premiers objectifs peuvent être plus ou moins atteints même si des failles existent car, par exemple, des contacts avec les autres détenus restent possibles (par signes ou en criant d’un étage à l’autre). L’idéal serait de construire des prisons spécifiques. Mme Lebrun a évoqué à cet effet le futur établissement de Vresse-sur-Semois.

L’objectif de déradicalisation demeure quant à lui très théorique. Il dépend en grande partie des Communautés dont les moyens sont toujours attendus.

“On n’a encore rien vu venir de la Fédération Wallonie-Bruxelles”, a souligné Mme Lebrun. Les moyens manquent, les délais sont très longs avant d’obtenir des assistants psycho-sociaux dont le nombre est largement insuffisant.

Quant aux formations dispensées au personnel de prison, elles n’ont encore concerné qu’un petit nombre. Or les gardiens sont au premier plan pour détecter les signes de radicalisation d’un détenu.

L’assistance des aumôniers islamiques n’a pas d’effet direct sur ces détenus car ceux-ci refusent de les voir.