Jugé pour détournement, l'ex-patron du FMI Rodrigo Rato assure que tout était "légal"

L’ex-patron du Fonds monétaire international Rodrigo Rato, jugé mardi en Espagne pour détournement de fonds quand il était banquier, a présenté comme “parfaitement légal” le système des “cartes visas au noir” au coeur du procès. L’ex-ministre de l’Economie est jugé aux côtés de 64 autres anciens dirigeants et membres des conseils d’administration de la caisse d’épargne Caja Madrid puis de Bankia, accusés d’avoir réglé des dépenses personnelles à tout-va avec des cartes bancaires “occultes”, sans rien justifier ni déclarer au fisc. Le procès concerne 12 millions d’euros dépensés entre 2003 et 2012. Les frais acquittés allaient du plein d’essence au séjour en hôtel cinq étoiles, en passant par des soirées en discothèque.

“Je soutiens qu’il s’agit de frais légaux et donc déductibles”, a tranquillement déclaré devant les juges M. Rato, ancien président de Caja Madrid puis de Bankia, interrogé pour la première fois depuis le début du procès le 26 septembre. Selon l’acte d’accusation, il aurait maintenu en 2009 le “système corrompu” établi par l’ancien président de Caja Madrid (1996-2009), Miguel Blesa, puis l’aurait reproduit au sein de Bankia. Mais il a assuré n’avoir jamais eu “aucune raison de douter” de la légalité du système mis en place au sein de Caja Madrid, un simple complément de rémunération. “Que ce soit des cartes, des virements ou des chèques, en définitive, il s’agit d’un moyen de paiement”, a-t-il dit. Concernant son passage au sein de Bankia, il a indiqué qu’il s’agissait de simples avances sur salaires.

Lui-même avait dépensé plus de 99.000 euros en deux ans avec les deux cartes dont il disposait. Le parquet anticorruption requiert à son encontre quatre ans et de demi d’emprisonnement, une amende de 108.000 euros et le paiement d’une indemnisation de 2,6 millions d’euros pour les dépenses réalisées sous sa présidence. M. Rato a notamment été le vice-président du gouvernement du conservateur José Maria Aznar de 1996 à 2004, avant de diriger le FMI jusqu’en 2007.