Jean-Pierre Léaud en Roi Soleil agonisant dans "La Mort de Louis XIV"

Dans “La Mort de Louis XIV” du réalisateur espagnol Albert Serra, en salles mercredi, Jean-Pierre Léaud, acteur fétiche de la nouvelle vague, incarne le Roi Soleil agonisant dans un huis-clos historique, un rôle qui l’a “transformé”. Cette reconstitution intimiste, présentée en séance spéciale au dernier Festival de Cannes, qui a valu à Albert Serra le Prix Jean Vigo, se déroule en août 1715.

A son retour de promenade, Louis XIV ressent une vive douleur à la jambe. Les jours suivants, la fièvre le gagne, marquant le début d’une longue agonie et la fin d’un règne de 72 ans, le plus long de l’Histoire de France.

Faire ce film, “a été un travail gigantesque”, avait confié à l’AFP à Cannes Jean-Pierre Léaud, 72 ans. “On est vraiment partis de rien, mais je savais que ce film serait extrêmement important pour moi”, a ajouté l’acteur des films de François Truffaut.

“On ne peut pas s’accrocher pendant un mois à la mort sans sortir un tout petit peu transformé”.

Ce film, au rythme délibérément lent, dans le huis-clos de la chambre du roi entouré de ses fidèles et de ses médecins, est le quatrième long métrage d’Albert Serra, réalisateur catalan de 41 ans.

Le scénario a été écrit à partir des Mémoires de Saint-Simon et des Mémoires du Marquis de Dangeau, qui ont tous les deux assisté aux derniers jours de Louis XIV.

“Le film est l’histoire d’un homme qui se prépare à perdre la vie, dans la douleur et le quotidien, même s’il est Roi”, souligne le cinéaste, qui dit n’avoir “ressenti aucune pression vis-à-vis de la carrière extraordinaire” de Jean-Pierre Léaud.

Sur le tournage, “toute l’équipe m’a appelé Majesté et j’ai compris que j’étais capable de jouer ce rôle de Louis XIV avec le plus d’intensité possible, ces variations sur la mort et la souffrance”, a témoigné l’acteur.

Pour ce rôle, il a dû apprendre les textes et les tirades extraits des Mémoires de Saint-Simon, même si finalement le réalisateur n’a gardé que “l’intensité” de scènes dans lequel le monarque est mourant, s’exprimant par des geignements et quelques mots.

“Le silence extrêmement profond d’un monarque -c’est quelque chose que je ne connaissais pas en moi- quelque chose de majestueux. Je ne savais pas que je pouvais faire ça”, a affirmé Jean-Pierre Léaud.