Jakarta se choisit un nouveau gouverneur

Le gouverneur chrétien de Jakarta brigue un nouveau mandat mercredi en Indonésie, malgré son procès pour insulte à l’islam, dans un scrutin test pour la tolérance religieuse dans le plus grand pays musulman du monde. Les électeurs de la capitale indonésienne, une mégapole de 10 millions d’habitants, se rendent aux urnes pour choisir entre le gouverneur sortant, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, et deux rivaux de confession musulmane, l’ancien ministre de l’Education Anies Baswedan et Agus Yudhoyono. Quelque 7,1 millions d’électeurs sont appelés à se rendre aux urnes jusqu’à 13h00 (07h00 en Belgique), en ce jour férié pour cause d’élections, après une campagne électorale marquée par des tensions religieuses et ethniques, ainsi qu’un flot de fausses informations. Des estimations provisoires diffusées dans l’après-midi donneront une indication précise des scores réalisés, mais les résultats officiels ne seront annoncés qu’à la mi-mars. Aucun des trois candidats ne devrait obtenir la majorité absolue à l’issue du scrutin mercredi. Un deuxième tour est fixé au 19 avril.
Ahok avait accédé automatiquement aux fonctions de gouverneur en 2014, après l’élection à la présidence de son prédécesseur Joko Widodo, surnommé Jokowi, dont il était alors l’adjoint. Premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle et premier issu de la minorité chinoise, il fut pendant longtemps le favori des sondages avant de dégringoler dans les intentions de vote depuis l’affaire de blasphème pour laquelle il est jugé depuis fin 2016.
Connu pour son franc-parler, le gouverneur, âgé de 50 ans, avait déclaré en septembre que l’interprétation par certains oulémas (théologiens musulmans) d’un verset du Coran selon lequel un musulman ne doit élire qu’un dirigeant musulman était erronée. Ces déclarations mises en ligne avaient provoqué de vives réactions d’islamistes conservateurs dans ce pays de 255 millions d’habitants, dont près de 90% sont de confession musulmane.