Irak: retrait des manifestants de la Zone verte de Bagdad

Les manifestants se sont retirés dimanche de la Zone verte ultrasécurisée de Bagdad après s’y être introduits la veille et occupé le Parlement durant plusieurs heures, tandis que le Premier ministre Haider al-Abadi appelait à punir les fauteurs de troubles. Les manifestants dénonçaient l’inaction du Parlement et réclamaient un nouveau gouvernement capable d’appliquer des réformes anticorruption. Selon un communiqué distribué par le bureau de l’influent chef chiite Moqtada Sadr dont les partisans représentent la majeure partie des manifestants, ce retrait a été décidé par respect pour un important pèlerinage chiite.
Il survient alors qu’un double attentat suicide de l’organisation djihadiste sunnite Etat islamique (EI) a fait dimanche 33 morts et des dizaines de blessés dans le sud du pays, une région à majorité chiite.
L’Irak est en proie à une grave crise politique depuis des semaines, de nombreux partis s’opposant au projet du Premier ministre de mettre en place un gouvernement de technocrates par peur de perdre certains de leurs privilèges.
Excédés, des milliers d’Irakiens ont organisé des sit-in et des manifestations depuis des semaines qui ont culminé avec l’invasion du Parlement samedi.
Dimanche, tranchant avec les tensions de la veille, les manifestants prenaient des photos et déambulaient dans la Zone verte, ordinairement fermée au public.
“C’est la première fois que je viens ici depuis une visite avec mon école sous Saddam (Hussein)”, l’ancien président irakien renversé et exécuté en 2006, a dit Youssef al-Assadi, 32 ans, en prenant un “selfie” devant un monument militaire. “C’est l’un des plus beaux endroits de Bagdad. Il devrait être ouvert à tout le monde”, a-t-il ajouté. “Ici, il y a l’air conditionné et l’électricité partout alors que la population souffre de coupures de courant en permanence”.
Après les incidents de samedi, M. Abadi a ordonné que les fauteurs de troubles soient traduits en justice, mais les forces de sécurité sont restés à l’écart des manifestants dans la Zone verte dimanche.
Des protestataires avaient attaqué au moins un député et endommagé plusieurs voitures samedi, tandis que d’autres leur criaient d’agir “pacifiquement” et tentaient de limiter les destructions.
Des mesures ont été immédiatement prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité autour de la Zone verte.