Inquiète, la CGSP-Enseignement évite de justesse un rejet du Pacte

A l’issue d’une journée entière de discussions serrées, la CGSP-Enseignement a approuvé du bout des lèvres vendredi le vaste projet de réforme de l’école contenu dans le Pacte pour un enseignement d’excellence, mais en exigeant une série de clarifications et d’assurances, notamment sur l’emploi des enseignants. “A une très courte majorité, nous sommes parvenus à exprimer un oui nuancé envers les conclusions du Pacte”, explique Joseph Thonon, président de la CGSP-Enseignement, syndicat qui représente un tiers environ des enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles.

“Une minorité importante ne voulait pas du tout du Pacte”, avoue-t-il. “Mais on a finalement réussi à ne pas jeter deux années de travail (qui ont conduit à l’élaboration d’un projet de réformes fort de 300 pages, ndlr)”.

“Il y a de bonnes idées, mais nous ne pouvons pas accepter les conclusions dans leur totalité. Il y a encore beaucoup trop de questions et d’inconnues pour avancer, pour se dire qu’on va foncer dans la mise en oeuvre des conclusions du Pacte”.

Informés et sondés ces dernières semaines sur le contenu du texte, les affiliés du syndicat socialiste ont notamment fait remonter leurs craintes quant à l’opérationnalisation et le phasage des mesures envisagées, notamment l’introduction du tronc commun jusqu’à 15 ans et la réforme de toute la filière qualifiante.

“C’est clair: il y a de grosses craintes pour l’emploi dans le qualifiant (où 1.500 emplois devraient disparaître à terme, ndlr), mais aussi dans l’enseignement spécialisé (où l’on souhaite limiter au mieux le nombre d’élèves à l’avenir) ainsi que dans les centres PMS”, poursuit M. Thonon.

Le Pacte évoque bien une période transitoire avant de supprimer ces emplois, mais celle-ci est insuffisamment détaillée, estime la CGSP.

Ses affiliés redoutent aussi que l’introduction du tronc commun et la suppression de la 7e professionnelle mènent à une réduction importante du nombre d’élèves dans certaines écoles, lesquelles pourraient en conséquence être amenées à fermer, selon eux.

Très critique, le syndicat ne demande toutefois pas de rouvrir à présent les négociations du Pacte, mais bien d’y annexer formellement les préoccupations et remarques exprimées par les enseignants.

“Si l’on devait finalement s’écarter de ces préoccupations, ce sera aux risques et périls de ceux qui voudraient passer en force…”, lance Joseph Thonon en guise d’avertissement clair au gouvernement.

Et le syndicaliste de rappeler: “Les enseignants sont un acteur-clé de l’école. Si les profs n’adhèrent pas au Pacte, cela ne marchera jamais”.

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27 janvier 2017 - 18h20