Hollande incite l'Europe à faire bloc face à Trump, pagaille à JFK

Le président français François Hollande a appelé samedi l’Europe à faire bloc et à opposer une réponse “ferme” à son homologue américain Donald Trump qui s’était notamment réjoui bruyamment du Brexit et vient de signer un décret controversé qui a mis plusieurs voyageurs étrangers dans l’embarras. “Je crois que nous devons lui répondre” avec “fermeté”, a martelé M. Hollande en marge d’un sommet de sept pays du sud de l’Union européenne à Lisbonne. Si l’arrivée d’un nouveau président américain n’était pas officiellement au programme de ce “sommet des pays méditerranéens de l’UE”, qui a aussi rassemblé le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Grèce, Chypre et Malte, le sujet était logiquement au centre des préoccupations. Il s’est conclu par une déclaration commune, qui sans mentionner explicitement la nouvelle administration américaine, a appelé à une Union européenne “forte et unie”. “Lorsqu’il y a des déclarations qui viennent du président des Etats-Unis sur l’Europe et lorsqu’il parle du modèle du Brexit pour d’autres pays, je crois que nous devons lui répondre”, a lancé François Hollande.
Quelques heures plus tard, lors d’un premier entretien téléphonique, il a mis en garde le nouveau locataire de la Maison Blanche contre “les conséquences économiques et politiques d’une approche protectionniste” et l’a appelé au “respect” du principe de “l’accueil des réfugiés”. “Face à un monde instable et incertain, le repli sur soi est une réponse sans issue”, a averti le chef de l’Etat français, selon un communiqué de la présidence.
Une réponse directe au “décret anti-réfugiés” que vient de prendre le président américain. Ce dernier a d’ailleurs estimé samedi que son décret controversé, entré en vigueur la veille, “marche très bien”. “On le voit dans les aéroports, on le voit partout”, a-t-il brièvement déclaré, alors que sur le terrain, la pagaille gagnait l’aéroport JFK. Les arrivées à l’aéroport new-yorkais sont en effet perturbées, en conséquence directe du décret interdisant pour 90 jours aux ressortissants de sept pays musulmans d’entrer aux Etats-Unis. Sur le parking du terminal 4, plusieurs centaines de manifestants protestaient contre le texte. Deux représentants démocrates de New York au Congrès, Jerry Nadler et Nydia Velasquez, étaient aussi sur place pour essayer d’obtenir la libération des ressortissants retenus par la police à JFK en vertu du nouveau décret. Après avoir obtenu la libération d’un ressortissant irakien ayant travaillé pour le gouvernement américain en début d’après-midi, M. Nadler a indiqué que lui et Mme Velasquez essayaient d’obtenir la libération de 10 autres ressortissants. Mais Mme Velasquez a précisé ensuite “ne pas savoir combien de personnes exactement sont détenues” ni “combien seraient actuellement à bord d’avions” en vol vers JFK.
Le décret a été signé vendredi en fin d’après-midi et mis en œuvre dans la foulée par les autorités portuaires, prenant par surprise les ressortissants de ces pays (Irak, Iran, Yemen, Soudan, Libye, Somalie, Syrie) en partance pour les Etats-Unis.