Haïti: rare sortie de l'ex-président Aristide, pour soutenir sa candidate à la présidence

L’ex-président haïtien Jean-Bertrand Aristide, qui se montre rarement en public depuis son retour d’exil en 2011, a défilé lundi à Pétionville pour soutenir la candidate de son parti à l’élection présidentielle. “Haïti est malade”, a affirmé M. Aristide à quelques journalistes. “Il faut que tous ses enfants sans distinction se donnent la main pour que notre mère trouve la guérison”, a-t-il dit, pour justifier sa décision de participer activement à la campagne électorale.
S’exprimant en créole dans son habituel style métaphorique, l’ancien prêtre des bidonvilles a expliqué que la candidate Maryse Narcisse et lui étaient “venus apporter la force de notre dignité (…) Le rendez-vous de cette dignité est donné le 7 février 2017 au Palais national avec le docteur Maryse Narcisse comme président”. C’est la date de prise de fonction du président qui sera élu le 8 janvier.
M. Aristide a été chassé du pouvoir à deux reprises: en 1991 par un coup d’Etat et en 2004 par une révolte populaire. Celui qui est surnommé “Titid” est rentré à Port-au-Prince en mars 2011, après sept ans d’exil en Afrique du Sud et avait déclaré à l’époque ne plus vouloir faire de politique.
Il était déjà sorti en octobre dernier de sa réserve pour appeler ses sympathisants à voter en faveur de la candidate de son parti Famni Lavalas. Et de nouveau donc lundi. Il a salué des milliers de sympathisants qui suivaient son cortège, sortant à plusieurs reprises par le toit ouvrant de son véhicule.
Mais à l’issue du point de presse, Mme Narcisse n’a pas confirmé la participation de l’ex-président au reste de sa campagne. Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis le départ du pouvoir en février de Michel Martelly, sans successeur élu.
Au premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre 2015, le candidat du pouvoir Jovenel Moïse était en tête avec 32,76% des votes. Recueillant 7,05% des suffrages, Mme Narcisse était quatrième. Après des contestations de l’opposition et le rapport d’une commission électorale indépendante dénonçant des “fraudes massives”, les autorités ont annulé le scrutin et repris le processus à zéro.
Les près de 6,2 millions d’électeurs doivent retourner aux urnes le 9 octobre pour le premier tour de la présidentielle et de législatives partielles, et le 8 janvier pour les seconds tours.